translateQuestions et réponses.

Vous trouverez ici les principales questions posées dans vos commentaires ou envoyées par mail, avec ma réponse. Si vous avez d'autres questions à poser, envoyez un mail plutôt que de poser la question sur la page de commentaires : si la question est d'intérêt général, la réponse sera reproduite ici, sinon je vous répondrai directement.
Le sujet de votre mail doit comporter le mot trompette, sinon il sera détruit par les serveurs de Free et je ne saurai même pas que vous avez envoyé ce message.
Si vous ne trouvez pas ici l'information que vous cherchez, allez sur la page "plan du site" et utilisez le moteur de recherche. Ou bien rejoignez le groupe de discussion sur la trompette et posez la question à la cantonade.

Ce site n'est-il pas trop technique ?
Pourquoi une présentation aussi austère ?
Pourquoi ne pas ouvrir un forum sur ce site ?
Pourquoi ne parlez vous pas des trompettes Xxxx ou Yyyyy ?
Pourquoi les partitions des concertos sont données seulement pour la piccolo ou la trompette en mib ?
Pourquoi ne trouve-t-on pas à télécharger des œuvres plus modernes ou les accompagnements des concertos ?
Dans quelles circonstances a été composé le concerto de Hummel ?
Quel travail quotidien pour rester au meilleur niveau ?
Depuis quelque temps, j'ai le trac en concert. Comment le surmonter ?
Est-il difficile de passer de la trompette en sib à la trompette en ut ?
Pourquoi la trompette en si bémol joue-t-elle un sib quand la note écrite est do ?
Ne serait il pas mieux de jouer la trompette si bémol en son réel ?
Quelle différence de son entre les trompette en sib et en ut ?
Peut on jouer de la trompette et d'un autre instrument à vent ?
Comment améliorer son endurance ?
Je rencontre un blocage au niveau du contre ut, impossible de jouer au dessus. Comment faire pour franchir ce "mur" ?
Comment arriver à passer une liaison du Sol au Do médium sans forcer le débit d'air ?
Comment peut-on jouer occasionnellement une note plus basse que le Fa# grave ?
Quel est l'intérêt de travailler les sons en dessous du Fa# grave et quels sont les doigtés à utiliser ?
Comment tient-on en mains une trompette à palettes pour en jouer ?
Peut on jouer de la trompette de la main gauche ?
Mes dents doivent être redressées. Peut-on jouer avec un appareil dentaire ?
Où trouver des livres ou documents traitant de l'émission du son ?
Comment fabrique-t-on une trompette ?
Que penser des trompettes de poche ? quels sont les modèles de bonne qualité ? Et la trompette à coulisse ?
Les trompettes à moins de 250 € sont-elles réellement injouables, et pourquoi ?
Que penser de l'adaptation d'une trompette professionnelle en ut pour jouer en sib (ou l'inverse) ?
Certaines trompettes s'oxydent de l'intérieur (et ensuite de l'extérieur). Quelle en est la cause ?
A quelle époque sont apparues les premières trompettes à palettes et qui a inventé ce système ?
Pour jouer dans l'aigu, vaut-il mieux un grain large ou étroit ?
Quels sont les doigtés de la trompette ? et à quatre pistons ?
Qu'est-ce que l'impédance d'entrée et pourquoi l'augmenter permet de réduire les pertes énergétiques ?
Il faudrait un dessin pour expliquer la désignation des différentes parties d'une trompette.
Quels sont les avantages et les inconvénients des clés d'eau Amado ?
A quoi sert le "trou" sur le 3ème piston vanté dans la publicité Courtois ?
Quelles sont les différences induites par les éléments "heavy" de certaines trompettes et à quel usage ces instruments sont destinés ?
Quel est l'intérêt d'une branche d'embouchure recouverte (double tube) ?
Comment une trompette pourrait-elle sortir un ré grave juste sans tirer la 3ème coulisse ?
Quelle est l'étendue pratique de la trompette et comment mesure-t-on la justesse ?
Quel est l'intérêt d'une branche inversée sur la coulisse d'accord ?
On dit qu'il faut "ouvrir" un instrument neuf en le jouant : n'est-ce pas une légende ?
Je suis habitué à la trompette en ut : quel inconvénient à en jouer dans un big band ?
Pourquoi y a-t-il si peu de femmes chez les trompettistes ?
On vient de voler ma trompette. Que dois-je faire ?
Pourquoi ne pas publier un livre avec le contenu de ce site ?

Question :
"Pas mal, ce site, mais pas facile à suivre : très technique, peu d'illustrations. Pensez aux trompettistes qui n'ont pas une agrégation de physique !"
Réponse :
Oui, ce site présente des documents qui nécessitent un niveau d'études universitaire pour être compris. Je ne vois pas comment expliquer le fonctionnement et les problèmes de la trompette autrement sans tomber dans des considérations vagues et subjectives. Mais j'ai essayé d'en exprimer les conclusions dans un langage pas trop technique, pour que vous, ami(e)s trompettistes, puissiez orienter vos choix de façon rationnelle même si vous avez suivi un cursus différent.

Question :
"Pourquoi une présentation aussi austère, alors qu'on peut mettre du texte animé, des couleurs, des images ..."
Réponse :
Bien sûr, il pourrait y avoir plus d'illustrations si j'en trouvais d'autres en rapport avec le texte, mais je n'aime pas les pages web animées, les textes clignotants ou défilants, qui gênent la lecture et ralentissent l'affichage de la page : je tiens à ce que ce site soit facile à lire même avec une connexion internet à bas débit.

Question :
"En regardant les "questions-réponses", je me suis dit qu'il serait peut-être intéressant d'ouvrir un forum, afin que tout le monde puisse donner son avis par rapport aux questions posées, ou poser d'autres questions plus facilement... "
Réponse :
Oui, je pourrais facilement mettre un forum, et on trouve de nombreux scripts gratuits sur le web. Je ne l'ai pas fait car cela demande de la vigilance pour le "modérer" et éviter que les discussions dégénèrent, car le propriétaire d'un site web est toujours responsable de ce qui s'y trouve. D'autre part, il en existe déjà plusieurs en français et en anglais sur le web ou sur Usenet, alors inutile de disperser les questions (et les réponses) intéressantes.
Si vous voulez discuter avec d'autres trompettistes, vous pouvez aussi vous inscrire au groupe de discussion trompette sur Google où vous retrouverez d'autres visiteurs de ce site qui souhaitent partager leur expérience. Le groupe Google est une simple liste d'adresses. Il n'est pas modéré, et je n'ai aucune responsabilité juridique sur ce qui y est exprimé. Par exemple, si quelqu'un dénigre telle marque de trompettes, leur fabricant ne peut éventuellement poursuivre en justice que l'auteur du message. C'est important car il y a quelque temps, un trompettiste, qui s'était laissé avoir en achetant sur Ebay une de ces trompettes pas chères et avait connu de nombreux déboires avec cet "instrument", a relaté son expérience sur son site perso ; il a été assigné en justice par le vendeur et a dû effacer son témoignage pour ne pas avoir d'ennuis !

Question :
"Pourquoi ne parlez vous pas des trompettes Xxxx ou Yyyyy ?"
Réponse :
Il existe plusieurs dizaines de fabricants de trompettes et je ne peux pas avoir un avis sur des instruments que je n'ai jamais essayés personnellement. Mais vous pouvez trouver des témoignages d'utilisateurs sur le site "Brass Review" qui recense pratiquement toutes les marques connues. Toutefois, méfiez vous des marques qui ne sont pas citées sur ma page "choisir une trompette". Il s'agit soit de fabrication artisanale de prix très élevé, sans que la qualité musicale soit réellement au dessus des grandes marques d'instruments professionnels, soit de fabrication de très bas de gamme dont la qualité et la durabilité sont inacceptables même pour un débutant.

Question :
"Pourquoi les partitions des concertos à télécharger sont pour piccolo ou pour trompette en mi bémol même quand le concerto est jouable avec une trompette ordinaire en ut ou en si bémol ?"
Réponse :
Tous ces concertos sont disponibles en édition commerciale pour la trompette en ut ou si bémol, avec la partie d'accompagnement pour piano ou orgue. Mon but n'est pas de remplacer cette édition commerciale, mais de faciliter la lecture pour les trompettistes qui jouent la piccolo ou la trompette en mi bémol.

Question :
"Dans quelles circonstances a été composé le concerto de Hummel ?"
Réponse :
Le concerto pour trompette de Hummel a été composé en 1803 à la demande du trompettiste Anton Weidinger (1767-1852) qui avait auparavant convaincu Haydn de l'intérêt de son instrument et obtenu du vieux maître son concerto pour trompette en 1796. Weidinger avait en effet amélioré la trompette "à clés" qu'il appelait "trompette organisée" ("organisierte Trompete") et en était devenu un virtuose, l'instrument donnant toute la gamme chromatique avec un système de clés semblable à celui du saxophone actuel. En effet, la trompette naturelle utilisée à l'époque ne donnait que les notes de l'accord parfait, l'art du "clarino" consistant à jouer dans l'extrême aigu pour avoir une gamme complète s'étant perdu depuis le début du 18ème siècle. Johann-Nepomuk Hummel (1778-1837), ancien élève de Mozart, Salieri et Haydn, avait acquis une bonne notoriété à Vienne comme compositeur et comme pianiste, et Haydn l'avait recommandé au prince Esterhazy pour lui succéder comme Kappelmeister à Eisenstadt. Il est donc vraisemblable que Weidinger, cherchant un autre concerto pour son instrument, a été orienté vers Hummel par Haydn.
Le concerto fut créé le 1er janvier 1804 à la cour du prince Esterhazy par Weidinger, qui en avait remanié la partition pour mieux l'adapter aux possibilités de son instrument. Il était écrit en mi naturel, mais de nos jours il est toujours joué en mi bémol car la gamme de mi est trop difficile avec les trompettes à pistons modernes en ut, en si bémol ou en mi bémol. En effet, c'est vers 1815 que furent inventés les pistons et les valves rotatives par Stölzel et Blühmel, permettant d'obtenir la gamme chromatique avec une bien meilleure sonorité que la trompette à clés, qui disparut autour de 1830 quand le système des pistons arriva à sa forme définitive avec le brevet de Étienne-François Périnet (voir ci-dessous).
Hummel était avant tout un compositeur de musique de salons et de théâtre, célèbre à Vienne pour ses valses bien avant les Strauss. Il jouissait d'une bonne réputation, gérait sa carrière en businessman avisé (il est en grande partie à l'origine du "copyright" pour la musique) et finit ses jours dans l'aisance financière. Sa biographie ne laisse entrevoir aucune affinité religieuse ou mystique : s'il composa cinq messes, un Te Deum et des motets, c'est à la demande de Esterhazy, qui s'irritait de le voir aller fréquemment à Vienne briller dans les salons et finit par le renvoyer en 1811. Bien que plus jeune que Beethoven de 8 ans, Hummel n'est pas vraiment un romantique mais plutôt le dernier représentant de la période classique, et son style très adapté au piano-forte apparaissait démodé à la fin de sa vie, quand Paganini et Liszt arrivaient à la célébrité.
La partition du concerto pour trompette tomba dans l'oubli, fut retrouvée au milieu des années 50 et recréée en 1958 par le trompettiste Armando Ghitalla qui le joua dans la tonalité d'origine (mi naturel) à la trompette en ut.

Question :
"Pourquoi ne trouve-t-on pas à télécharger les concertos de Tomasi, Jolivet ou Arutunian, ou de la musique de film ou de variétés ? Et pourquoi ne donnez vous pas les parties d'accompagnement à l'orgue des concertos baroques ?"
Réponse :
Une œuvre musicale est protégée contre toute copie jusqu'à 70 ans après la mort du compositeur ou de l'arrangeur. Si les concertos baroques eux-mêmes sont tombés dans le domaine public, il n'en va pas de même pour les accompagnements à l'orgue, écrits par des arrangeurs contemporains. De même, la musique de jazz ou de variétés n'est pratiquement jamais du domaine public. Ne demandez pas non plus la partition du concerto de Aranjuez pour trompette : le "Concierto de Aranjuez" de Joaquin Rodrigo (1901-1999) est pour guitare et orchestre, et l'arrangement du thème du 2ème mouvement joué à la trompette par Miles Davis dans "Sketches of Spain" n'est pas disponible dans le commerce.

Question :
"Qu'est ce que l'impédance d'entrée et pourquoi l'augmenter permet de diminuer les pertes énergétiques ? Comment peut-on augmenter l'impédance d'une trompette?"
Réponse :
Si p(t) désigne la pression de l'air et u(t) son débit, alors l'impédance est dp/du. L'analogie avec l'électricité est évidente : pression = tension, débit = intensité. Le trompettiste est assimilable à un générateur, qui a sa propre impédance interne. Quand le générateur débite dans une impédance externe, l'énergie dépensée est répartie au prorata des impédances interne et externe, donc plus l'impédance externe est basse, plus l'énergie est dissipée à l'intérieur du générateur. Autrement dit, plus l'impédance d'entrée de la trompette est basse, plus l'énergie fournie par le trompettiste est dissipée en échauffement interne. On le voit bien si on veut obtenir un niveau sonore donné à une fréquence qui n'est pas un pic d'impédance de la trompette (note pédale, ou sol médium jouée avec la clé d'eau ouverte, ou avec des pistons qui fuient) : il faut souffler très fort et c'est épuisant ! On voit aussi qu'il est important de réduire son impédance interne en ouvrant le larynx pour obtenir un minimum de rendement dans ces conditions.
Ce qui compte pour le trompettiste est donc l'amplitude des pics d'impédance situés aux fréquences des notes jouables pour un doigté donné. Ces pics d'impédance sont provoqués par la résonance de la colonne d'air à ces fréquences, qui nécessite une réflexion de l'onde sonore aux deux extrémités du tuyau. Pour augmenter l'impédance, il faut augmenter le taux de réflexion de l'onde : côté embouchure, avec un grain de faible diamètre et/ou une queue étroite, côté pavillon, avec un pavillon étroit et/ou peu évasé pour diminuer le couplage avec l'air ambiant.
Évidemment, il ne faut pas que l'impédance soit exagérée sinon le volume sonore émis devient trop faible. On démontre facilement que le volume sonore émis pour une pression d'air et une impédance interne (= du souffleur) données est maximum quand l'impédance externe (= de l'instrument) est égale à l'impédance interne.
La trompette est donc un compromis entre le volume sonore recherché et l'énergie nécessaire pour l'obtenir, qui se situe dans une plage de variation assez étroite : il y a peu de différence mesurable entre une trompette à "basse" impédance et une trompette à "haute" impédance, mais la différence est sensible pour un trompettiste expérimenté, pour qui un écart de quelques pour cents sur l'amplitude des pics d'impédance est parfaitement perçue. .

Question :
"Quelles sont les différences induites par les éléments "heavy" de certaines trompettes (pavillon, etc.) et à quel usage ces instruments sont destinés ?"
Réponse :
L'augmentation de masse de l'ensemble ou d'une partie de l'instrument a pour effet de réduire les vibrations induites par celles de la colonne d'air, et de les décaler vers des fréquences plus basses. Conséquences : le rendement est amélioré et le son est plus riche en harmoniques élevées, d'où une meilleure perception par l'auditoire quand on joue dans un ensemble. Mais comme dans d'autres domaines, il faut se méfier des excès. Si l'alourdissement n'a pas été soigneusement étudié, il peut en résulter un son trop clair, pas très agréable, surtout si par malchance l'abaissement des fréquences de vibration du métal les rapproche de certaines fréquences fondamentales de l'instrument, entraînant des défauts de réponse plus ou moins graves.
C'est pourquoi certains musiciens, surtout en jazz, préfèrent au contraire des instruments à pavillon très allégé, car en élevant ses fréquences de résonance elles ne risquent pas de perturber la réponse de l'instrument. La baisse de rendement énergétique n'est pas un problème pour eux car ils jouent avec amplification.
Donc pour jouer sans ampli, il vaut mieux choisir une trompette modérément alourdie, avec un pavillon épais, comme la Bach standard, la Yamaha 6335H ou Xeno, la B&S avec pavillon lourd ou la Courtois Évolution 4 entre autres ; on peut leur ajouter une embouchure lourde (Bach Megatone par exemple) et un dessous de piston alourdi sous le 3ème piston, car à l'expérience, c'est là qu'on obtient le meilleur résultat. En revanche, les trompettes munies de multiples renforts en métal massif m'ont toujours paru désagréables à jouer (mais je n'ai pas essayé de Monette, de toutes façons bien trop chère pour moi !).

Question :
"Il faudrait un dessin ou un graphique où toutes les parties d'une trompette soient décrites et nommées. Cela pourrait être très utile pour les étrangers (c'est mon cas) qui ne connaissent pas le vocabulaire concernant la trompette en français. Un petit dessin éclaircira toujours les choses"
Réponse :
Voici la désignation des principales parties d'une trompette, avec le terme en anglais entre parenthèses. Le modèle présenté est la trompette en si bémol Chorus/80J de Selmer-Paris. Certaines trompettes (mais pas celle-ci) ont une "branche inversée" (reverse leadpipe), ce qui signifie que la branche d'embouchure rentre dans la coulisse d'accord et non l'inverse.


embouchure

Question :
"Pour corriger les vibrations dans la branche causées par celles du pavillon, il existe une autre solution que le déplacement des entretoises avec le système a branche double de Courtois... Pourtant, les trompettes qui proposent des solutions audacieuses ne sont pas les plus jouées... phénomène de mode ou finalement, toutes ces solutions n'influent que très peu sur le son?"
Réponse :
Ces modifications n'ont pratiquement pas d'influence sur le son, mais sur la réponse et accessoirement sur la justesse. En effet, quand le métal vibre à une fréquence harmonique de la note jouée, l'énergie de vibration de l'air à cette fréquence est absorbée par la vibration du métal, de sorte que le timbre s'appauvrit et la note devient plus difficile à émettre car elle demande plus d'énergie au souffleur. D'autre part, quand on joue une note, le démarrage de la vibration n'est pas instantané et le son est réellement obtenu lorsque la vibration de l'air émise par le musicien se cale sur les résonances de la colonne d'air de l'instrument. Si la vibration du métal perturbe la vibration de l'air contenu dans le tube, la note émise peut se stabiliser à une fréquence légèrement décalée, d'où un possible défaut de justesse en plus de la difficulté d'émission. Lors d'une visite au laboratoire d'acoustique de l'Ecole Centrale de Nantes, j'ai essayé une trompette Bach dont la branche d'embouchure avait été rendue amovible, fixée par deux colliers à vis (pour tester l'influence du profil de perce de diverses branches). Au premier essai, la trompette m'a paru mauvaise, le sol aigu ne sortait pas bien et elle n'était pas juste. En déplaçant la branche de 3 mm dans les colliers, le défaut disparaissait.
Les constructeurs de trompettes sérieux font de nombreux essais pour trouver le meilleur emplacement des entretoises, et doivent veiller à ce que la fabrication en série respecte scrupuleusement les positions déterminées sur le prototype. Manifestement, cela n'a pas toujours été le cas chez Bach, d'où la nécessité d'en essayer plusieurs pour en trouver une bonne (mais il y a eu des progrès ces dernières années). Et vous pouvez imaginer le résultat sur des instruments à 100 $ fabriqués dans des ateliers de fortune par des ouvriers non qualifiés !
Une solution brutale consiste à essayer d'empêcher l'instrument de vibrer en plaçant des renforts de métal un peu partout et en alourdissant le pavillon. Cette solution n'est pas idéale car il est pratiquement impossible d'empêcher toute vibration, et d'autre part un beau son nécessite de filtrer certaines fréquences, donc de laisser le pavillon vibrer d'une certaine façon. La solution retenue par Courtois (Évolution) ou Selmer (TT) consiste à découpler la branche d'embouchure de la vibration du pavillon en fixant les entretoises sur un tube enveloppant, ce qui permet de laisser vibrer le pavillon aux "bonnes" fréquences pour la qualité du son. Ce système facilite aussi l'installation d'une branche inversée sur la trompette en ut. Mais le découplage n'est pas parfait ; en pratique ce système ne montre pas une supériorité définitive par rapport à un montage classique bien réglé, et coûte évidemment plus cher. On trouve aussi la branche recouverte chez Edwards (la marque de prestige de Getzen), avec la possibilité de changer de branche d'embouchure soi-même.

Question :
amado"Quels sont les avantages et les inconvénients des clés d'eau Amado par rapport aux clés traditionnelles ?"
Réponse :
La clé d'eau Amado (photo ci-contre), que l'on trouve en standard sur les instruments Getzen ou Stomvi (entre autres), présente l'avantage de ne pas fuir et de ne pas provoquer d'irrégularité de perce, alors que la clé d'eau traditionnelle est posée sur une courte "cheminée" qui crée une petite perturbation de la colonne d'air. Ses inconvénients sont de nécessiter une certaine maintenance, sinon elle se referme mal, et d'évacuer l'eau de condensation moins vite parce que le trou est plus petit. Voyez à ce sujet http://www.getzen.com/faq/#amado. Il existe un troisième système, la clé d'eau Saturn, qui selon ses promoteurs n'aurait que des avantages, mais on ne la trouve que sur quelques fabrications artisanales.

Question :
"A quoi sert le "trou sur le 3ème piston" vanté dans la publicité des trompettes Courtois ?"
Réponse :
Vous savez que pour jouer un ré ou un do# grave, il faut tirer la coulisse du 3ème piston, de préférence AVANT de jouer la note. Or si le 3ème piston n'est pas enfoncé et s'il est bien étanche, cela va créer une dépression dans la coulisse obligeant à un effort inutile pour la tirer. D'où l'idée d'ouvrir sur le 3ème piston un orifice situé en face de la coulisse quand le piston est en haut, orifice débouchant à l'air libre. On peut alors facilement tirer la coulisse quand le piston est en haut.

Question :
"J'ai commencé la trompette à 33 ans et aujourd'hui je pratique 3 à 4 heures par jour et parfois plus si je compte les prestations le soir en orchestre. Est-ce que je peux espérer à 43-44 ans jouer à un très bon niveau, sachant que je ne suis pas professionnel mais que je me comporte comme tel, au niveau de la rigueur du travail ? Dois-je pratiquer davantage ? Quelle serait la fréquence idéale de travail ?"
Réponse :
3 à 4 heures par jour, c'est plus que beaucoup de professionnels de ma connaissance... (et beaucoup plus que moi, mais ce n'est pas une référence !). Aucun doute, avec un tel entraînement, vous pouvez aborder n'importe quelle œuvre, à condition bien sûr que ce travail quotidien soit organisé et raisonné. Il est recommandé de travailler au moins une demi heure par jour pour conserver un niveau convenable de musicien d'orchestre amateur, et jusqu'à plusieurs heures par jour pour un soliste professionnel. Vous trouverez sur les sites trumpet lessons et O.J's trumpet page (en anglais) une compilation des conseils de travail de quelques trompettistes de haut niveau. Ils sont quelques fois contradictoires dans le détail, mais globalement assez cohérents.
Walt Johnson recommande de travailler dur un jour sur deux, avec un entraînement plus léger les autres jours, mais surtout de ne pas interrompre l'entraînement : "one day without practice and you will notice, two days without practice and the other musicians will notice, three days without practice and everyone will notice".
Enfin, pour les trompettistes avancés, il existe un excellent recueil d'exercices journaliers qui promettent le maintient au meilleur niveau avec une demi-heure de travail quotidien seulement : "30 minutes A Day" par Clint "Pops" McLaughlin.

Question :
"Entre 15 et 20 ans j'ai participé à beaucoup de concours de solistes en y remportant plusieurs premières places. Aujourd'hui lorsque je joue avec mon brass band (classe excellence), je n'arrive plus à avoir la même assurance et la même confiance en moi qu'avant... je suis soumis à un trac important que je souhaite maîtriser."
Réponse :
Votre problème est bien connu et assez fréquent chez les trompettistes : c'est ce qui les conduisait autrefois à consulter Pichaureau. Il est la conséquence d'une réduction de la durée moyenne de travail journalier de l'instrument. Pendant des années, vous avez travaillé à fond tous les jours sans vous poser de questions sur l'émission du son. Avec un rythme de travail moins intensif, vous ne retrouvez plus automatiquement la configuration corporelle qui vous permettait de jouer facilement, ce qui entraîne un manque de confiance, lui même générateur d'insécurité dans l'émission.
La solution passe par une reprise des bases de l'émission du son en essayant de mémoriser les sensations qui correspondent à un jeu facile sur toute la tessiture : quels sont les muscles qui travaillent et ceux qui sont relaxés, que ressentez-vous au niveau de la gorge, etc. Tout le travail a pour but de recréer consciemment ces sensations avant d'attaquer une phrase musicale. Vous verrez que ce n'est pas facile, mais on y arrive, et c'est beaucoup plus sûr que de prendre des médicaments anti-trac type beta-bloquants qui dégradent le tonus et la qualité musicale.

Question :
"Je joue de la trompette en si bémol depuis que j'ai débuté, il y a 10 ans. L'année prochaine, je souhaite rentrer au conservatoire et j'ai besoin de jouer en ut, l'adaptation est-elle difficile, la manière de jouer change-t-elle beaucoup ?"
Réponse :
La trompette en ut est plus dure d'émission et plus fatigante que la trompette en si bémol mais les attaques sont plus sûres ; à part cela, la manière de jouer est la même. Pour vous adapter en douceur, veillez au début à jouer uniquement piano et sans essayer de monter trop haut dans l'aigu.

Question :
"J'ai acheté une trompette, et je me suis aperçu que la gamme que j'avais apprise était "décalée" par rapport à la réalité, et que mon "Do" n'en était pas vraiment un, comme si toutes les notes étaient décalées d'un ton"
Réponse :
Vous avez acheté une trompette en si bémol, ce qui signifie que le "do" joué sans appuyer aucun piston est en fait un si bémol. Comme pour beaucoup d'instruments à vent (saxophones, clarinettes, cors, tubas) qui sont construits dans diverses tonalités, l'usage est d'écrire les partitions transposées dans la tonalité de l'instrument, de façon à conserver la correspondance entre note écrite et doigté. Ainsi, un "La" écrit se jouera toujours avec le doigté 1+2, quelle que soit la tonalité de la trompette ; à l'écoute, ce "La" joué à la trompette en sib est un sol, à la trompette en mi bémol, c'est un do et à la piccolo en La, c'est un fa#. Seule la trompette en ut joue la note écrite à sa hauteur réelle.
Dans le cas de la trompette, il faut se rappeler que jusqu'au XIXe siècle, la trompette n'avait pas de pistons et ne pouvait jouer que les notes de l'accord parfait plus quelques autres. Les partitions indiquaient quelle coulisse de rechange utiliser sur la trompette pour jouer dans la tonalité requise (en Ré, en Mib, en Fa, etc.) et la note à jouer était indiquée relativement au fondamental, toujours noté Do par convention. Les trompettistes n'avaient donc pas besoin de savoir lire d'autres notes que Do Mi Sol Do Ré Mi ....

Question :
"Ne serait il pas mieux de jouer la trompette si bémol en son réel ? Plus précisément le la au second piston, le si bémol à vide, le do 1et3 ... "
Réponse :
Beaucoup de professeurs de cor ou de tuba classique (instruments en Fa) enseignent ainsi les doigtés en son réel pour ne pas fausser l'oreille des jeunes élèves.  S'il n'existait pas d'autre trompette que la Si bémol, il serait possible de former les élèves ainsi, bien que la très grande majorité des partitions existantes soient transposées pour cette trompette. Mais un trompettiste doit aussi jouer de la trompette en Ut en orchestre symphonique et de la piccolo en La en orchestre baroque, et quelquefois aussi de la trompette en Mi bémol ou en Ré. Or la correspondance entre la note pensée et le doigté doit être fixe pour permettre la vélocité de jeu : imaginez vous en train d'apprendre autant de doigtés différents que de types d'instruments ! Les clarinettistes sont d'ailleurs dans la même situation, avec leurs instruments en Si bémol, en La et en Mi bémol.

Question :
"Quelle sont les différences (si elles existent) entre la trompette en Sib et celle en Ut en matière de sonorité, de souplesse de phrasé, d’intensité ... Les caractères éventuels de timbre entre les deux instruments ressortent-ils à l’orchestre ?"
Réponse :
Il n'y a pas beaucoup de différence. Pour une même note jouée, la trompette en Sib a un son plus riche, la trompette en Ut ayant souvent un son un peu trop "plat". Plus on prend une trompette aiguë, plus le son s'appauvrit car les résonances sont plus espacées en fréquence. En contrepartie, les attaques sont plus sûres puisque on risque moins d'attaquer par erreur sur une résonance voisine.
Si vous écoutez, par exemple, le concerto de Haydn joué à la trompette en si bémol par Timofei  Dokshizer (http://www.youtube.com/watch?v=tLBeb8VhA88) et le comparez à un enregistrement moderne (presque toujours à la trompette en mi bémol), la différence est frappante.
Dans un orchestre symphonique, on choisit plutôt la trompette en Ut par commodité. Quelques fois, la Sib s'impose pour une question de tessiture s'il y a dans la partition des notes trop graves pour la trompette en Ut (par exemple dans la 7e symphonie de Dvorak). Mais il arrive qu'on prenne la Sib pour le son : ainsi, dans la 4e symphonie de Tchaïkovski, les appels de trompette sonnent bien mieux à la Sib qu'avec la trompette en Ut.

Question :
"Je joue du saxophone à un bon niveau, et j'aimerais apprendre la trompette sans abandonner le saxo. Y a-t-il une incompatibilité physiologique entre ces instruments ?"
Réponse :
On a des exemples de musiciens jouant du saxo et de la trompette. Le plus célèbre est Benny Carter, qui a enregistré quelques plages comme trompettiste dans les années 30 (sur certaines, il joue alternativement des deux instruments). Plus près de nous, Noël Chiboust, une figure du jazz français des années 40, jouait des deux instruments. Plus généralement, il est possible de jouer de la trompette et d'un ou plusieurs autres instruments à vent, y compris les cuivres tels que le cor, le trombone ou le tuba : ainsi David Guerrier fait actuellement une carrière de soliste à la fois comme trompettiste et comme corniste !

Question :
"Je cherche des conseils pour travailler la résistance, car les lèvres se fatiguent très vite ( j'ai bientôt 50 ans) et je ne puis plus certains jours jouer plus de 5 minutes : après, la sonorité devient pâteuse avec de "l'air dans le son", les attaques incertaines et l'aigu impossible"
Réponse :
A 50 ans, on peut jouer des heures d'affilée si l'entraînement quotidien est suffisant en qualité et quantité. C'est ainsi que Adolph "Bud" Herseth a tenu la première trompette solo de l'orchestre de Chicago jusqu'à l'âge de 80 ans. Il y a aussi Mike Vax, jazzman octogénaire toujours à la tête de sa section de cuivres. Évidemment, un musicien amateur ne peut pas y consacrer trois heures par jour comme le font de grands solistes professionnels, mais un minimum de une demi heure quotidienne est indispensable. Il faut jouer piano, essayer d'avoir le son le plus timbré possible avec le minimum de débit d'air. Travailler la vélocité des doigts dans le registre grave et médium pendant au moins un quart d'heure avant d'essayer de dépasser le sol au dessus de la portée, par exemple avec les études de Clarke.
Pour savoir comment travaillent de grands professionnels, voyez la page de Pete Estabrook.

Question :
"Après le contre-ut j'ai réellement l'impression qu'il y a "un mur" ... plus de son .... cette barrière me paraît insurmontable, je joue quasiment tous les jours mais rien n'y fait.  Je suis d'autant plus désespéré que je joue dans un big band amateur où deux trompettistes envoient sans difficultés des contre-sols avec un son et une puissance incroyables."
Réponse :
Le "mur" du contre-ut (et que certains rencontrent à partir du la aigu) est du au changement de régime vibratoire des lèvres qui est nécessaire pour aller dans l'aigu. Ce changement qui a été mis en évidence par Yoshikawa consiste à passer d'une vibration horizontale (buzz) à une vibration verticale due à l'effet Bernouilli. Or cette vibration verticale ne peut être déclenchée par les lèvres elles-mêmes : c'est l'air contenu dans la trompette qui la provoque en tant qu'effet secondaire. Il faut donc déclencher la vibration de l'air par un autre moyen, et c'est la turbulence dans l'embouchure qui va la créer, en injectant un filet d'air à grande vitesse dirigé vers le côté de la cuvette et non directement vers le grain (voir la page sur l'émission du son).
En résumé, pour produire des notes au dessus du contre ut, il faut envoyer ce filet d'air à grande vitesse en le focalisant à l'aide de la langue (arquée près du palais) et les lèvres (fermées quand vous posez l'embouchure), et en le dirigeant vers le bas si vous jouez avec l'embouchure placée principalement sur la lèvre inférieure, ou vers le haut si vous posez l'embouchure plutôt sur la lèvre supérieure.
Il n'est pas nécessaire de souffler fort. Au contraire, vous y arriverez plus facilement au début en jouant piano et avec peu d'air. Pour avoir la bonne position de la langue, entrainez vous en sifflant de plus en plus aigu, pratiquement les mêmes notes que vous voulez jouer. .

Question :
"Il me semble qu'il y a une contradiction dans l'article concernant le grain (dans choix d'une embouchure). Il est dit au début "un grain large fait monter la résonance propre de l'embouchure et facilite donc l'aigu" et un peu plus loin "Un grain étroit facilite l'aigu mais donne un son pincé". Lequel des grains large ou étroit facilite l'aigu ?"
Réponse :
Les deux raisonnements se tiennent :
1/ La fréquence propre de résonance de l'embouchure est déterminée comme celle d'un résonateur de Helmoltz, par le volume de la cavité et les caractéristiques géométriques de l'évent, en l'occurrence le grain : pour avoir une fréquence de résonance élevée, il faut un petit volume et un évent large et court.
2/ Mais un grain étroit fait monter l'impédance d'entrée de la colonne d'air, ce qui réduit la dissipation d'énergie, donc l'effort nécessaire au maintient de la vibration. Par ailleurs, un grain étroit réduit le couplage entre les colonnes d'air interne et externe, donc l'influence du contrôle physiologique du musicien sur la note émise.
En conclusion, un musicien entraîné à jouer avec une bonne configuration corporelle, habitué à retenir l'air et à ajuster sa résonance interne a intérêt à utiliser un grain large pour profiter de la résonance propre de l'embouchure, tandis qu'un musicien qui a tendance à "jouer sur la gueule" arrivera plus facilement à jouer dans l'aigu avec un grain étroit.

Question :
"Je suis débutant. Comment arriver à passer du Sol au Do médium en liaison sans "forcer le passage" en augmentant le débit d'air à travers mes lèvres ?"
Réponse :
Le problème que vous décrivez est certainement le plus répandu chez les trompettistes débutants, même quelques fois après plusieurs années. Il faut apprendre à faire passer la note supérieure uniquement par le mouvement vertical de l'arc de la langue, en gardant une pression d'air constante. Pour y parvenir, commencez par travailler le mouvement de la langue sur des notes plus graves. Partez du Ré (pistons 1+3) et essayez de passer au Sol sans changer de doigté ni la pression d'air, en prononçant "Da---iii", la pointe de la langue restant collée sur les dents du bas. Il faut faire cet exercice en jouant piano et en mettant le moins d'air possible. La mâchoire et les lèvres ne doivent pas bouger.
Ensuite, essayez de répéter ce passage de notes Da---iii---aaa---iii---aaa---iii" etc. toujours uniquement avec la langue, en essayant d'aller de plus en plus vite (prenez un métronome, partez de 80 et augmentez progressivement le rythme).
Enfin, faites le même exercice sur Mib-Lab (2+3) puis Mi-La (1+2), Fa-Sib (1), Fa#-Si (2) et vous arriverez ainsi au Sol-Do à vide.

Question :

"Je n'arrive pas à jouer le Do grave fondamental sur ma trompette. Quel est l'intérêt de travailler les sons en dessous du Fa# grave et quels sont les doigtés à utiliser ?"
Réponse :
Sur une trompette, les sons en dessous du Fa# grave (appelés sons "pédale", sons "privilégiés" ou sons "factices") ne correspondent à aucune résonance de l'instrument, quel que soit le doigté. Ils ne peuvent donc être obtenus que par une mise en vibration forcée par une résonance du conduit respiratoire du musicien (sa colonne d'air "interne" par opposition à la colonne d'air "externe" contenue dans l'instrument). Le travail des sons pédale a pour but d'habituer le trompettiste à ouvrir le larynx pour utiliser sa colonne d'air interne (voir la page sur l'émission du son) ; on peut les travailler avec n'importe quelle position des pistons.. Il est quelques fois utile de savoir jouer les notes pédale dans certaines partitions d'orchestre symphonique écrites pour cornet ou trompette en La, surtout si on joue la trompette en Ut.
Pourquoi ne peut-on jouer facilement le Do grave fondamental à vide de la trompette ? Comme expliqué sur la page "justesse", les fréquences de résonance d'un tuyau dépendent de sa forme et ne sont pas nécessairement les multiples entiers d'un son fondamental. Ainsi, dans le cas de la trompette, le fondamental théorique qui correspondrait aux notes jouables "à vide" (c'est à dire Do-Sol-Do-Mi-Sol-(Sib)-Do etc. pour la trompette en Ut) n'est pas une résonance du tuyau, mais au contraire une anti-résonance, c'est à dire un minimum d'impédance et non un maximum. On le voit bien sur les courbes de Benade (voir la figure 9). En fait, la résonance grave de la trompette est une quarte en dessous, sur le Sol (le Fa pour la trompette en Sib).
Le bugle a une forme de perce différente, conique sur sa plus grande partie, et sort facilement le "fondamental", comme tous les saxhorns. Cette propriété a d'ailleurs été longtemps mise à profit dans le petit tuba à six pistons, qui était joué en France jusqu'au milieu du siècle dernier, avant d'être remplacé par le contre-tuba dans tous les orchestres.
Vous trouverez plus d'information sur l'acoustique des sons pédale sur cette page ainsi que sur cet article qui étudie les mécanismes de couplage entre la colonne d'air interne et la colonne d'air externe.

Question :
"J'ai besoin de jouer, en Sib, une partition dont la note la plus basse est un Mi en-dessous du Fa# grave. Y-a-t-il une technique pour y parvenir ?"
Réponse :
Le problème que vous posez est bien connu des trompettistes d'orchestre symphonique, par exemple dans les suites de "Carmen" de Bizet, écrites pour cornet en La. Il y a quatre possibilités :
- ne pas jouer cette note
- la jouer à l'octave supérieure (pas terrible)
- baisser la note avec les lèvres et la colonne d'air à partir du doigté 1+2+3 en tirant toutes les coulisses mobiles
- tirer en plus la coulisse d'accord pour mettre la trompette en La (si elle est assez longue)
Les trompettistes les plus expérimentés appliquent la 3ème solution. Personnellement, je tire la coulisse d'accord pour jouer le passage incriminé et je la rentre dès que je peux le faire.

Question :
"J'ai essayé une trompette à palettes, et je n'ai pas trouvé de position confortable pour la tenir. Quelle est la bonne position pour en jouer ?"
Réponse :
La trompette à palettes est normalement tenue comme le montre la photo ci-contre par la plupart des instrumentistes allemands ou autrichiens. Le pouce gauche peut ainsi actionner le bouton-poussoir qui allonge la troisième coulisse pour le Ré et le Do# graves. Inconvénients : il faut serrer la main gauche assez fermement, ce qui fatigue à la longue, et surtout le contact des doigts de la main gauche attaque le vernis sur le pavillon, comme le montre la photo ci-dessous.



J'ai donc adopté une tenue différente, plaçant la main gauche plus bas comme le montre la photo ci-dessous à gauche. Le poids de l'instrument repose sur la main gauche qui n'a pas besoin de se crisper sur l'instrument pour le maintenir dans la position de jeu. Évidemment, le bouton-poussoir d'accord de la 3ème coulisse n'est plus accessible dans cette position. C'est pourquoi j'ai fixé sur la tige du poussoir un petit bout de tube en laiton recourbé qui me permet d'actionner la coulisse mobile avec le pouce gauche par en-dessous comme le montre la photo ci-dessous :










Question :
"Je suis gaucher. Peut on jouer de la main gauche avec un instrument qui ne soit pas sur mesure ?"
"Je souhaiterais savoir si la pratique de la trompette est compatible avec mon handicap, c'est à dire savoir s'il est possible de tenir l'instrument d'une main et le reposer sur l'autre avant bras."

wingy manoneRéponse :
Il n'existe pas de trompette spécialement conçue pour jouer de la main gauche, mais on peut jouer de la trompette à pistons normale de la main gauche (la trompette à palettes est exclue). Mais vous pouvez aussi apprendre à jouer de la main droite ; après tout, les cornistes, qui sont droitiers en majorité, jouent bien de leur instrument de la main gauche. On peut aussi jouer d'une seule main en cas de handicap. Évidemment, la tenue n'est pas confortable, mais il y a des trompettistes de bon niveau qui jouent ainsi : voyez le cornettiste virtuose James Burke ou le trompettiste de jazz Wingy Manone. Toutefois, jouer d'une seule main est fatigant et gêne la vélocité de jeu. Il est donc préférable si c'est possible d'utiliser l'autre avant-bras pour soutenir le poids de l'instrument (environ 1,3 kg), en faisant fabriquer éventuellement un manchon en cuir fixé sur l'instrument par une bande velcro pour plus de confort et pour pouvoir lâcher momentanément la main qui joue quand il faut mettre une sourdine. Si ce n'est pas possible, il y a une autre solution : le support Shulman System qui soulage du poids de l'instrument et favorise la vélocité de jeu.
Si vous n'avez qu'une seule main valide, il faudra aussi travailler sérieusement la colonne d'air pour apprendre à corriger les ré et do# graves par la résonance interne du conduit respiratoire, puisque vous ne pourrez pas utiliser la coulisse mobile, mais avec une trompette en sib de bonne fabrication la correction est assez facile, surtout si vous jouez avec une embouchure à grain large.

Question :
"Je dois faire réaligner mes dents par un orthodontiste. Est-ce que je pourrai continuer à jouer de la trompette avec un appareil dentaire ?"
Réponse :
On peut jouer de la trompette au plus haut niveau quel que soit l'état des dents comme le montre l'histoire de Louis Maggio. Il faut apprendre à injecter dans l'embouchure un filet d'air à la bonne vitesse et dans la bonne direction pour déclencher la vibration sonore ; il n'est pas nécessaire d'appuyer fortement sur les dents quand on maîtrise l'émission du son.
Porter un appareil pour redresser les dents n'empêche pas de jouer, mais il faut réapprendre certaines choses pour produire un son de qualité. Vous trouverez des explications détaillées sur cette page (en anglais). En bref, le travail conseillé consiste en une rééducation progressive de l'émission du son pour réduire la force d'appui sur les lèvres jusqu'au minimum nécessaire pour empêcher les fuites d'air autour de l'embouchure. J'ai un élève qui joue avec un appareil dentaire, et qui progresse bien, mais j'ai aussi une élève qui n'a pas voulu faire le travail d'adaptation nécessaire et qui a abandonné la trompette. C'est donc une question de volonté et de méthode.
On peut aussi adapter une protection amovible entre l'appareil et les lèvres, telle que le Braceguard*, mais je ne sais pas si ce type de protection est disponible en France : demandez à votre orthodontiste. Vous pouvez aussi commander le modèle Jet-Tone pour 10 $ chez Woodwind & Brasswind (USA)

Question :
"Pourriez-vous donner des références d'ouvrages, ou des adresses de sites traitant du rôle de l'ouverture du larynx dans l'émission du son ?"
Réponse :
On trouve de nombreux ouvrages et sites web qui traitent de cette question dans le cadre de la technique vocale du chant classique, mais je n'en ai trouvé aucun (en français) qui en parle dans le cadre de l'émission du son d'un instrument à vent. Or cette technique s'applique aussi bien au hautbois, à la flûte ou à la clarinette qu'aux cuivres. Il semble que les professeurs de hautbois enseignent généralement cette technique, alors que les professeurs de trompette l'ignorent en majorité, même s'ils ont la chance de l'utiliser inconsciemment. (lire l'article écrit par le professeur Arthur H. Benade en 1986).

Question :
"Commentaire sur la justesse : cette simplification semble montrer qu'une trompette c'est simple et que la construire "juste" c'est aujourd'hui facile. Dans l'exemple que vous citez, si le mi aigu est juste et le ré grave aussi, ce n'est qu'au détriment d'autres notes... en effet, la trompette est un ensemble de paramètres qui interagissent entre eux. Agir sur l'un ce fait au détriment d'un autre.
Le mi est une harmonique basse voulue. C'est le meilleur compromis. Le ré grave ne peut qu'être haut puisque chaque coulisse de chaque piston a la longueur nécessaire pour abaisser la note émise par le tube principal, (c'est à dire sans piston encore appeler "à vide", comme lorsque l'on fait un do, un sol, etc...) respectivement d'un ton (c'est le premier piston), d'un demi-ton (le second piston), et d'un ton et demi (c'est le troisième piston). En combinant les premier et troisième pistons, nous ne pourrons jamais être juste. En effet, si le tube à vide est allongé de la longueur du troisième piston, en usant du premier piston (prévu pour baisser d'un ton le tube à vide), nous ne baissons dans ce cas moins d'un ton le tuyau formé du tube principal et du troisième piston...
Si la combinaison des pistons "1 et 3" est juste c'est au détriment d'autres notes."

Réponse :
La longueur des coulisses n'est pas le seul paramètre, les variations de diamètre ont autant d'influence sur les fréquences de résonance.
On peut essayer de le démontrer de façon intuitive. Le schéma ci dessous représente une portion de tuyau sonore cylindrique. Pour l'une des résonance du tuyau, nous aurons une distribution régulière des nœuds et ventres de pression comme ci-dessous :


En a, c et e la pression est constante (celle de l'air ambiant) mais l'air oscille à la fréquence de résonance. En b et d, l'air est immobile mais sa pression varie selon la même fréquence. Le système se comporte comme un ensemble de masses (placées ici respectivement en a, c et e), reliées par des ressorts (ici en b et d).

Si maintenant nous réduisons le diamètre du tuyau en c, la masse d'air oscillante diminue et ne peut plus contrebalancer les masses d'air en a et e si rien ne change par ailleurs.



Pour que le système oscille de façon permanente, il faut augmenter la longueur de la masse d'air en c et diminuer celles de a et e, donc diminuer la longueur d'onde de la vibration. Tout se passe comme si le tuyau avait été raccourci, et la fréquence de résonance est augmentée (schéma ci-dessous).

Mais pour une autre fréquence de résonance du tuyau pour laquelle la distribution des pressions est différente, avec une pression constante en b' et des masses d'air oscillantes en a' et c', la restriction de diamètre du tuyau n'a pratiquement pas d'influence et la fréquence sera donc pratiquement inchangée.
On voit donc qu'il est possible de modifier un tuyau pour corriger une de ses fréquences de résonance sans affecter les autres. Ainsi, par exemple, on peut rendre juste le "mi" à vide d'une trompette sans modifier le "do" ni le "sol" en réduisant le diamètre de la branche d'une fraction de millimètre à environ 25 cm de l'embouchure sur environ un centimètre de longueur.

Une trompette sera considérée comme juste si les écarts de justesse pour les doigtés usuels sur toute l'étendue de l'instrument ne dépassent pas un savart (voir ci-dessous la définition du savart). Pour rendre une trompette juste, le plus difficile est évidemment de trouver les endroits à modifier pour corriger une note sans changer les autres. C'est ce que Renold Schilke a recherché empiriquement pendant des années, et finalement, il a concentré les modifications de diamètre sur la branche d'embouchure, ce qui parait logique puisque les ondes de pression pour chaque note ont toutes pour origine le grain de l'embouchure : le premier nœud de pression de chaque note ne peut être un nœud de pression pour une autre note (du moins sur la première octave) puisque les longueurs d'onde sont différentes. Richard Smith a démontré en 1976 qu'il est effectivement possible de corriger la justesse en agissant sur la branche d'embouchure tout en soulignant les limites d'une telle correction qui, si elle est totale, affecte le timbre et le rendement de l'instrument. C'est pourquoi certains facteurs d'instruments préfèrent garder un "mi" à vide un peu bas pour préserver la richesse de timbre. Enfin le logiciel de Paul Anglmayer ou le logiciel Tutt permet de trouver les endroits à corriger, la valeur et la longueur des corrections de diamètre à apporter. De même, Clive Blackburn, Bob Malone et Gene Pilczuk aux États Unis ont construit empiriquement des branches d'embouchure qui assurent une bonne justesse sur toute la gamme, et qui rendent inutile de tirer la coulisse du 3ème piston sur le ré grave. Enfin, depuis 2015, Jérôme Wiss construit dans son atelier de Compiègne des trompettes dont la perce a été calculée par ordinateur sur toute sa longueur, y compris les coulisses, pour obtenir la justesse sur toute la gamme et tous les doigtés.
En revanche, Bach a construit des trompettes en ut dont la branche d'embouchure est simplement une branche de trompette en si bémol tronquée. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que ces trompettes Bach en ut soient fausses ; la branche 25H (une branche standard 25C modifiée à la demande de Adolph Herseth) n'apporte pas la justesse mais donne seulement une plus grande latitude de correction avec les lèvres en réduisant l'impédance d'entrée. Toutefois, il semble que les Bach en ut les plus récentes aient progressé sur ce plan, ce qui laisserait penser que les branches d'embouchures ont été améliorées.

Notons pour finir, que l'idée de corriger une note sans changer les autres n'est pas nouvelle : sur les dernières trompettes naturelles, on trouvait une ou deux clés permettant d'ouvrir un trou et donc de forcer l'emplacement d'un nœud de pression (puisque au niveau du trou, la pression est celle de l'air ambiant). On corrigeait ainsi la 7ème résonance, le fameux "fa# du cor de chasse". Certaines trompettes à palettes modernes ont conservé ce système pour le registre aigu, avec les clés dites "viennoises" qui corrigent la justesse et facilitent l'émission de certaines notes.

Question :
"Quelle est l'étendue pratique de la trompette et comment mesure-t-on la justesse ?"
Réponse :
La tessiture utile de la trompette en ut, que devraient respecter les compositeurs, va du Fa#3 (environ 185 Hz) au Ré6 (environ 1175 Hz), mais certains trompettistes peuvent jouer de façon fiable au-dessus du Ré6 ou descendre au Fa3 en tirant les deux coulisses. Pour la trompette en si bémol, l'étendue démarre un ton plus bas (Mi3, environ 165 Hz) mais il est admis d'écrire plus haut dans l'aigu, jusqu'au Fa6 (noté Sol pour la trompette en si bémol), dans les arrangements de jazz. La plus haute note écrite dans un concerto classique est le La6 (1760 Hz) dans le concerto de Michael Haydn, qui nécessite la trompette piccolo.
Il existe plusieurs unités de mesure des écarts de hauteur, qui sont des rapports de fréquence. Pour mémoire l'octave est un rapport 2, le demi-ton tempéré un rapport de 21/12 soit environ 1,0595, le comma un rapport de 81/80 soit 1,0125, le savart un rapport de 101/1000 soit environ 1,00231 et le cent 1/100ème de demi-ton tempéré ( 21/1200 ) soit environ 1,000578. En pratique, on admet l'équivalence 1 demi-ton = 5 commas = 25 savarts = 100 cents.
Le comma (20 cents) est considéré comme le plus petit intervalle perceptible dans une mélodie ; en fait, un instrument soliste non accompagné peut s'écarter jusqu'à 15 cents de la gamme tempérée sans être perçu comme faux. En revanche, s'il joue avec d'autres instruments, l'écart de justesse maximal admissible est réduit, de l'ordre du savart (4 cents) ; dans un unisson à deux instruments, l'écart admissible est encore plus réduit, de l'ordre du cent, mais si plus de deux instruments jouent à l'unisson, on tolère le savart. La trompette ayant pour vocation de jouer dans un ensemble pose donc un problème de justesse évident que le musicien doit pouvoir corriger en permanence.

Question :
"Quels sont les doigtés de la trompette ? et les trompettes à quatre pistons ?"
Réponse :
La table des doigtés de la trompette est à cette page. Bien que la grande majorité des trompettes, bugles et cornets soient équipés de trois pistons, il existe des instruments à quatre pistons : la trompette piccolo en Si bémol et La, certaines trompettes en Mi bémol (Schilke, Yamaha, B&S, etc.), certains bugles (Courtois, Getzen, etc.) et quelques autres instruments peu courants.
Les instruments à 4 pistons (trompettes ou saxhorns) sont en général construits de la façon suivante :
- les 3 premiers pistons sont identiques à ceux des instruments à 3 pistons, abaissant la note respectivement de 1 ton, ½ ton et 1 ton ½ (voir les doigtés des notes)
- le 4ème piston baisse de 2 tons ½, équivalant en théorie à la combinaison 1+3.
En fait, pour respecter les proportions par rapport à la longueur du tube quand plusieurs pistons sont enfoncés simultanément, la longueur des coulisses mises en jeu par les pistons n'est pas exactement dans les rapports indiqués ci-dessus. Ainsi, le 3ème piston allonge le tube un peu plus que la combinaison 1+2 car le 3ème piston n'est pas conçu pour être utilisé seul. De même, le 4ème piston, quand il existe, allonge plus le tube que la combinaison 1+3. Ainsi les doigtés exacts sont, pour une trompette correctement construite :

Pour baisser de : Doigté à utiliser : Notes obtenues :
- rien - doigté "à vide", aucun piston appuyé do sol do mi sol (sib) do ...
½ ton 2 si fa# si ré# fa# (la) si ...
1 ton 1 sib fa sib ré fa (lab) sib ...
1 ton ½ 1+2 en tirant la 1ère coulisse de 4 mm
ou en corrigeant avec les lèvres
la mi la do# mi (sol) la ...
2 tons 2+3 lab mib lab do mib (solb) lab ...
2 tons ½ 1+3 en tirant la 3ème coulisse de 6 mm
ou 4 seul, mais c'est légèrement bas
sol ré sol si ré (fa) sol ...
3 tons 1+2+3 en tirant la 3ème coulisse de 1,8 cm
ou 4+2
fa# do# fa# la# do# (mi) fa# ...
3 tons ½ 4+1 en baissant avec les lèvres fa do fa la do (mib) fa ...
4 tons 4+3 en baissant avec les lèvres mi si mi sol# si (ré) mi ...

Les notes indiquées en gras correspondent aux doigtés usuels, notés en "do" écrit quelle que soit la tonalité réelle de la trompette ; les notes trop basses pour être utilisées sont entre parenthèses.
Les combinaisons 4+3+2, 4+3+1 et 4+1+2+3 sont difficilement utilisables car la correction de justesse à apporter avec les lèvres est trop importante (je parle de "correction avec les lèvres" pour employer une expression courante, alors qu'en réalité, on doit corriger avec sa colonne d'air interne ; notez aussi que sur les meilleures trompettes professionnelles modernes en si bémol, des corrections de perce permettent de ne pas tirer de coulisse dans les doigtés 1+2 et 1+3 (voir le paragraphe précédent)).
Le 4ème piston permet donc d'étendre la tessiture dans le grave, mais pas autant qu'on pourrait le croire car les notes les plus graves sont irrémédiablement trop hautes. C'est pourquoi certains saxhorns et tubas sont construits avec 5 voire 6 pistons dont les combinaisons permettent de retrouver la justesse. Une autre solution utilisée pour certains saxhorns (euphoniums et tubas en mi bémol) est dite "à compensation" : l'abaissement simultané de deux pistons met en jeu non seulement leurs coulisses habituelles mais en plus des petites coulisses supplémentaires assurant la correction de justesse. Ces instruments à 4 pistons sont donc justes sur toute la gamme sans avoir besoin de coulisse mobile, mais au prix d'une complexité de construction coûteuse. Cette solution n'est pas applicable à la trompette car les petites coulisses supplémentaires qui seraient nécessaires seraient trop courtes. Notez enfin que ces doigtés ne sont pas valables pour les anciens saxhorns et tubas français dits "à doigté ministériel", dont le 3ème piston seul baisse de 2 tons (comme le saxhorn basse que tient Audrey Tautou dans "un long dimanche de fiançailles").
Ces doigtés ne sont pas non plus valables si le 4ème piston abaisse de trois tons et demi comme le propose Alain Koster avec son système de quatrième piston amovible qui revendique une meilleur justesse globale que le système standard.

Question :
"Quel est l'intérêt d'une branche inversée sur la coulisse d'accord ?"
Réponse :
La branche inversée a deux avantages :
- une meilleure continuité interne et une plus grande longueur de branche d'embouchure permettent de mieux maîtriser la justesse (à condition, bien sûr, que le concepteur de la trompette ait profité de cette possibilité, comme Schilke, Yamaha, ou Courtois). Cet avantage est important pour la trompette en ut, dont la branche d'embouchure non inversée est souvent trop courte pour obtenir la justesse, mais malheureusement, on trouve peu de trompettes en ut à branche inversée, peut-être à cause de la difficulté d'y placer le crochet de petit-doigt, comme on le voit sur la photo ci-contre d'une Kanstul 1510 en ut.
- on peut nettoyer complètement la branche d'embouchure avec un écouvillon avant de ranger l'instrument.
Elle a deux inconvénients :
- le corps de l'instrument est moins rigide puisqu'il n'y a pas d'entretoise, d'où une plus grande fragilité (surtout en sib),
- un moins bon rendement énergétique à cause des pertes par vibration.
Finalement, les avantages l'emportent nettement pour la trompette en ut, mais pour la trompette en sib, ce n'est pas évident.
Certains disent que "le son circule mieux puisque le tube mâle entre dans le tube femelle dans le sens de passage de l'air" ou que "il y a moins de fuites puisque l'air circule dans le sens de l'emmanchement". Ce sont bien sûr des fariboles : il y a très peu de circulation d'air dans une trompette, et les ondes stationnaires qui produisent le son pourraient être déclenchées aussi bien à partir du pavillon que de l'embouchure !

Question :
"Que penser des trompettes de poche ? quels sont les modèles de bonne qualité ? Et la trompette à coulisse ?"
Réponse :
Il est difficile de trouver une bonne trompette de poche. Celles qu'on trouve le plus souvent en France sont du bas de gamme Jupiter ou Amati : avec un pavillon de très petit diamètre, le son est assez désagréable. Heureusement on trouve maintenant des trompettes de poche munies d'un pavillon de diamètre normal bien plus agréables à jouer. Certains professeurs les font acheter aux parents des très jeunes débutants, qui ne pourraient pas tenir une trompette normale. On en vend aussi à des amateurs qui veulent emporter en vacances une trompette peu encombrante dans leurs bagages. Pour ces types d'usage, autant acheter un cornet, qui est à peine plus encombrant et permet d'aborder un autre répertoire.
Quant à la trompette à coulisse, c'est un instrument très difficile à jouer juste (bien plus difficile que le trombone, du fait de la faible course de la coulisse). On l'utilise quelques fois (rarement) dans des quatuors de cuivres, en tant que trombone soprano. Il en existe un modèle chez Jupiter, pas cher et de qualité suffisante pour un usage occasionnel.

Question :
"N'en déplaise aux snobs de tout poil, les trompettes "chinoises" (Roy Benson ou autres) ne sont nullement injouables. Bach, Courtois fabriquent également de bons instruments en Chine et ils sont vendus moins de 300 €. On peut le regretter pour les grandes marques mais la réalité est là : pour un trompettiste amateur qui n'a pas d'ambitions, et de porte-monnaie, démesurés, une trompette "bas de gamme" est un choix qui se défend. Je suis en revanche d'accord sur le fait de ne pas acheter sur internet ce genre d'instrument qui doit être essayé car la qualité n'est pas homogène, notamment le pistonnage"
Réponse :
C'est vrai que ces instruments ne sont pas tous injouables. Mais :
- la trompette est dure à jouer pour un débutant, et ce n'est pas la peine d'en rajouter avec un instrument trop médiocre. Des parents d'élèves croient faire une bonne affaire en offrant un de ces instruments à leur enfant, sans se rendre compte du risque que l'enfant s'en dégoûte et laisse tomber la musique dès qu'il le pourra.
- même si vous tombez par chance sur un exemplaire pas trop difficile d'émission, les pistons vont rapidement poser des problèmes, et ne parlons pas de justesse ...
Cela dit, depuis un an ou deux, certains fabricants chinois arrivent à maîtriser la qualité, comme l'ont fait Jupiter à Taiwan ou Weril au Brésil, et depuis 2006 pratiquement tous les instruments d'étude de grande marque sont fabriqués en Chine ...

Question :
"Que penser de l'adaptation d'une trompette professionnelle en ut pour jouer en sib ? L'inverse est-il possible ?"
Réponse :
De grandes marques de trompettes (Bach, Selmer, Courtois entre autres ) proposent des ensembles de coulisses permettant de convertir leurs modèles professionnels de Ut à Sib. Il ne faut pas se faire d'illusion, l'instrument obtenu n'offre qu'une médiocre réponse et souffre de défauts de justesse car la branche d'embouchure reste celle d'une trompette en ut. Pour une utilisation très occasionnelle, on peut admettre cette adaptation qui coûte quand même autour de 200 €, mais pour jouer régulièrement en Sib, même une trompette d'étude est préférable.
Quant à transformer une trompette Sib en trompette en Ut, vous pouvez bien sûr essayer de retirer 15 cm de tube avec une bonne scie à métaux ...

Question :
"Certaines trompettes s'oxydent de l'intérieur (et ensuite de l'extérieur). Quelle en est la cause ?"
Réponse :
Le laiton est un alliage résistant à la corrosion si la proportion de zinc est inférieure à 15% (gold brass ou red brass). Sinon, soumis au contact de divers produits (gaz carbonique dissout dans la vapeur d'eau du souffle du musicien,  enzymes et sels alcalins contenus dans la salive) il se produit un phénomène de "dézincification" qui rend l'alliage poreux et se propage jusqu'à traverser la paroi du tube. Quand des points rouges apparaissent sur la branche d'embouchure sous le vernis, c'est trop tard, la corrosion a traversé. Dans la marine, on évite ce phénomène en ajoutant 1% d'étain et des traces d'antimoine ou d'arsenic à l'alliage du laiton. Certaines trompettes sont proposées avec des branches d'embouchure en gold brass ou en maillechort qui résistent mieux à la corrosion, mais le mieux est de nettoyer l'intérieur de la branche d'embouchure après chaque usage avant de ranger la trompette.

Question :
"Certains prétendent "faire", "ouvrir", un instrument neuf.
Autrement dit, un signal de quelques centaines de Hz peut-il modifier une structure atomique métallique ??!!"

Réponse :
J'ai effectivement déjà entendu des tubistes dire qu'il fallait "ouvrir" un instrument neuf. On peut tenter une explication scientifique de ce phénomène qui parait réel et non subjectif, mais l'explication suivante n'est qu'une hypothèse qui reste à vérifier par des mesures expérimentales.
On sait que les propriétés physiques d'un métal peuvent changer selon la façon dont il est mis en forme. Le martelage utilisé pour former le pavillon écrouit le métal et le rend plus raide, tandis que le recuit le rend plus ductile.
Dans un instrument en cuivre, le métal vibre, mais pas de façon uniforme. L'emplacement des nœuds et les ventres de vibration dépend de la fréquence et est influencé par la raideur du métal. C'est pour cette raison que les pavillons des trompettes professionnelles, qui sont mis en forme par martelage, sont ensuite recuits en certains endroits bien précis pour que la distribution des nœuds de vibration sur leur surface se fasse selon un plan optimisé en fonction du timbre recherché.
Mais la vibration du métal elle-même modifie cette distribution. On sait qu'un fil de cuivre devient cassant par écrouissage quand on le plie et le replie plusieurs fois au même endroit. De même, jouer longtemps certaines notes sur un instrument peut produire la même transformation qu'un martelage aux emplacements des nœuds de vibration du pavillon pour cette note. En augmentant la raideur du métal aux fréquences de résonance excitées par la note jouée, les pertes par rayonnement de la paroi s'amenuisent et l'instrument répond mieux pour cette note, comme l'a montré B Ninob . C'est pourquoi il n'est pas absurde de dire qu'un instrument neuf devient meilleur s'il est joué par un bon musicien (c'est à dire un musicien qui joue juste).

Question :
"A quelle époque sont apparues les premières trompettes à palettes et qui a inventé ce système ? et pour les pistons ?"
Réponse :
Friedrich Blühmel (1777 - 1845) fit les premiers essais de valves rotatives en 1811-1812, tandis qu'au même moment Heinrich Stölzel (1777 - 1844) travaillait à son système de pistons, mais c'est Stölzel qui produisit le premier cor à palettes en 1814. Blühmel ayant revendiqué l'antériorité, Stölzel lui versa une indemnité et les deux inventeurs décidèrent de s'associer pour améliorer ensemble le système, et déposèrent conjointement le brevet en 1818. La première trompette à valves rotatives apparut en 1819, mais le système actuel résulte d'améliorations apportées par Joseph Reidel en 1835 puis par Ignatz Stowasser en 1843. Dès cette époque, la trompette à palettes (en Fa) est utilisée dans l'orchestre symphonique en Allemagne et Schumann écrit ses partitions pour "Ventil-Trompete in F".
Le système à pistons doit sa forme actuelle à Étienne-François Périnet qui en déposa le brevet à Paris en 1829 après qu'une demi douzaine d'inventeurs aient essayé d'améliorer le système de pistons de Stölzel, et les premiers cornets à pistons semblent avoir été fabriqués par Jean-Louis Antoine-Halary (1788 - 1861) en 1831 à Paris. La trompette à pistons arriva plus tard, en raison de la réticence des musiciens français à abandonner la trompette naturelle pour l'orchestre symphonique. Les premières trompettes à pistons sont en fa, comme la trompette naturelle, mais avec le succès du cornet à pistons, la trompette en si bémol remplace la trompette en fa à la fin du siècle (sauf en France, où c'est la trompette en ut qui s'impose), quand Besson sort en 1880 la première trompette à pistons moderne, dont se sont inspiré depuis tous les facteurs d'instruments en France et aux États-Unis.
Les deux systèmes sont donc nés simultanément, et chaque pays développa une gamme d'instrument sur l'un ou l'autre. Aux États-Unis, les premiers cornets, fabriqués jusqu'à la fin du 19ème siècle, étaient à valves rotatives, mais au début du 20ème siècle, tous le fabricants américains adoptèrent le système à pistons Péri net. Le système à palettes et valves rotatives resta dominant de l'Europe centrale à la Russie, incluant l'Italie du nord, tandis que le reste du monde adoptait les pistons.
Pour en savoir plus, allez sur le site "The cornet compendium" (en anglais)

Question :
"Je joue dans un big band, et l'endurance est indispensable lorsque l'on fait les premières parties, mais le son doit rester, à mon goût, assez rond et velouté lorsque l'on doit s'adonner à quelque chorus de swing. Je suis équipé d'une trompette COURTOIS 220 UT/Sib de la fin des années 70. Tout comme vous l'avez signalé j'ai toujours eu beaucoup de mal à m'accorder, a tel point que j'ai du abandonner l'idée de jouer en Sib. Évidemment j'ai toujours transposé les parties, écrites en Sib. Le plus ennuyeux et que j'ai toujours "chorussé" en Ut (j'"entends" bien mieux en Ut). Malgré un entretien rigoureux, ma trompette est en train de devenir de plus en plus fausse et j'ai beaucoup de mal a accorder toutes les notes, de plus mon embouchure est elle aussi usée. Alors je viens demander conseil pour l'achat de ma prochaine trompette, je ne sais pas si je dois me remettre en question en jouant en sib ou si l'achat d'une trompette Ut/Sib serait le meilleur compromis."
Réponse :
Pour avoir un son rond et de l'endurance sur la partie de 1ère trompette, le mieux est évidemment une trompette en si bémol avec perce ML, lourde (si vous jouez sans ampli) et à haute impédance. (voyez mon choix personnel ici). Le problème est que ayant joué pendant 20 ans en ut, il vous serait sûrement difficile de retrouver la liberté d'improvisation en si bémol. Mais la trompette en ut présente de gros inconvénients pour ce type d'utilisation : le son est trop clair, elle est plus fatigante et l'accord au sein d'une formation où tout le monde joue en si bémol n'est pas facile, voire impossible avec une trompette en ut/sib d'étude.
Si vous voulez cependant rester en ut, il vous faut a priori une trompette lourde et à perce ML pour l'endurance. Il faut choisir l'instrument d'abord en fonction du son recherché. Les Courtois en ut des années 70 (en particulier la série "à colonne d'air directe") avaient un son très sombre. Un pavillon en cuivre rouge, proposé en option par plusieurs fabricants, pourrait peut-être apporter le timbre que vous cherchez. Vous devrez aller à Paris essayer différents modèles de différentes marques dans un des quatre ou cinq magasins disposant d'un réel choix en stock. Dans tous les cas, faites le test du mi à vide comparé au mi avec les pistons 1 et 2 : il ne doit pas y avoir de différence notoire, et la différence doit pouvoir se corriger sans effort avec les lèvres. Faites attention aussi au timbre et à la façon dont l'instrument "projette" le son : certains instruments "passent" sans effort au dessus de l'orchestre alors que d'autres n'y arrivent pas même en jouant très fort ! Au bout de deux heures, avec l'un vous pouvez encore sortir un chorus alors qu'avec l'autre il n'en est plus question.

Question :
Comment fabrique-t-on une trompette ?
Réponse :

Cette video montre comment est fabriqué le pavillon. Voici une autre page qui devrait satisfaire votre curiosité. Les photos ont été prises dans les ateliers de Kanstul en Californie, qui fabrique des instruments sous sa propre marque, mais aussi pour plusieurs autres ("Zeus" est une marque de distributeur qui est appliquée sur des instruments de diverses provenances ; les trompettes professionnelles de cette marque étaient faites auparavant par Blessing à Elkhart). Notez la technique de cintrage du tube avec de la glace ; d'autres fabricants utilisent la méthode traditionnelle du plomb fondu, comme on le faisait au 18ème siècle pour les trompettes naturelles. Voici aussi un fabricant de trompettes naturelles qui présente la réalisation du pavillon.
Si vous trouvez d'autres pages décrivant la fabrication, envoyez moi les adresses !

Question :
On vient de voler ma trompette. Que dois-je faire ?
Réponse :
D'abord déposer une plainte au commissariat en indiquant le modèle exact et le numéro de série (donc, notez les dès maintenant en un endroit sûr si vous n'avez pas conservé la facture d'achat, qu'il ne faut surtout pas laisser dans l'étui de l'instrument !). Vérifiez si vous avez une assurance personnelle qui couvre ce vol ou, si le vol a été commis lors d'un concert ou d'une répétition, essayez de faire jouer l'assurance de l'organisateur. Signalez le vol aux principaux magasins qui revendent des instruments d'occasion (en leur précisant le modèle et le numéro de série). En particulier, signalez le vol sur le site de Feeling Musique qui offre une service de recherche d'instruments perdus ou volés par leur numéro de série. Enfin, passez des annonces sur le web, soit pour signaler le vol, soit en prétendant vouloir acheter un instrument d'occasion du même type et en espérant que le voleur vous contactera...

Question :
Pourquoi y a-t-il si peu de femmes chez les trompettistes ?
Réponse :
Il n'y a aucune raison d'ordre physiologique. C'est sans doute un vieux préjugé qui conduit les parents de jeunes enfants à diriger les filles vers les instruments "bien élevés" comme le violon et le piano, alors que les cuivres sont réputés indisciplinés, aimant boire et faire la fête...
Dans les orchestres symphoniques, ces traditions sont solidement ancrées : peu de contact entre les joueurs de cordes et les pupitres de vents, et parmi ceux-ci, les cuivres sont conformes à leur réputation. Mais les choses changent petit à petit : on voit arriver de plus en plus de filles dans les classes de trompette ; aux États Unis, la proportion de filles semble importante au niveau scolaire, mais le passage au professionnalisme semble là aussi se heurter aux préjugés, au point qu'il existe une association de femmes jouant des cuivres.
Et d'ailleurs, un des meilleurs concertiste actuels à la trompette est une femme : c'est Alison Balsom, que vous pouvez regarder et écouter ici.

Question :
"Vous devriez publier un livre avec le contenu de ce site"
Réponse :
Faire un livre ? J'y ai songé, et renoncé pour plusieurs raisons :
- la majeure partie des informations de mon site est donnée par des documents dont je ne suis pas l'auteur. L'autorisation que j'ai reçue de leurs auteurs ne vaut que pour ce site, diffusé gratuitement, et non pour une publication commerciale (les pages dont je suis l'auteur se reconnaissent à leur fond jaunâtre parcheminé comme celle-ci)
- depuis que ce site existe, je l'ai continuellement modifié et enrichi au fur et à mesure de mes recherches et des contacts que j'ai eus avec des chercheurs de différents pays sur les sujets abordés. En faire un livre conduirait à figer le contenu dans l'état actuel.
- la page qui offre des partitions à télécharger se prête évidemment assez mal à une publication de type "livre".
Enfin l'audience de ce site web est certainement plus large que la clientèle d'un livre qui serait à mi-chemin entre le monde de l'édition musicale et celui des librairies générales. Depuis le référencement du site le 1er septembre 2001, j'enregistre entre 200 et 600 visiteurs par jour (en moyenne 540 visiteurs par jour depuis le début de 2005), ce qui dépasse sûrement de très loin la diffusion potentielle d'un livre traditionnel sur ce sujet.