Choix d'une embouchure
Voir le tableau de comparaison des embouchures
Là aussi, domination écrasante de Bach
dans les écoles de musique françaises, avec en tête la 1½C.
Or aux États Unis, l'embouchure standard est plutôt la 7C pour les élèves
des écoles de musique (ou les Schilke
11 et Yamaha
11C4 de volume équivalent), ou la 3C en orchestre symphonique. Question
de mode ou de méthode ?
Pour un débutant, pas de choix : il faut travailler avec l'embouchure
recommandée par le professeur jusqu'à pouvoir choisir soi-même,
à moins d'une conformation particulière de la bouche et des lèvres.
Quand on a acquis une certaine technique et qu'on a déterminé
le style de musique que l'on veut jouer, on peut faire un choix raisonné,
en privilégiant la qualité du son recherché. Pour vous convaincre que c'est l'embouchure qui détermine la qualité du son (et non la trompette) regardez cette vidéo. Le trompettiste Charlie Porter y essaie trois trompettes, une à 200$, une Bach strad à 2000$ et une Monette à 20000$, d'abord avec leurs embouchures d'origine, puis avec l'embouchure Monette.
Pour le son, la conclusion s'impose : c'est bien l'embouchure qui fait à 90% le son, et pour les 10% restants, la Bach l'emporte à mon avis.
Evidemment, la démonstration ne permet pas de comparer la facilité d'émission des instruments, bien que le petit accrochage avec la trompette bas de gamme laisse deviner ses limites.
Il
semble que la majorité des leaders de big band, qui jouent presque en
permanence au dessus du "contre-ut" utilisent les Schilke (ou Yamaha)
13A4a ou 14A4a. En orchestre symphonique, les embouchures Bach traditionnelles dominent le marché, mais de nouvelles séries d'embouchures "symphoniques" apparues depuis quelques années chez divers fabricants peuvent être mieux adaptées à ce cadre d'utilisation.
Les embouchures Bach fabriquées avant 1999 peuvent présenter des
variations de dimensions perceptibles d'un exemplaire à l'autre pour
une même référence ; ce serait dû à un manque
de rigueur dans le réglage des outils de fabrication. Toutefois, les
nouvelles séries fabriquées par des machines à commande
numérique ne présentent plus ce défaut. En revanche, ce problème est (ou a été) présent chez Yamaha : je possède deux embouchures 15E4 et deux embouchures "Signature Canadian Brass regular" assez différentes à référence identique. Enfin, on trouve
chez Yamaha des embouchures spécialement conçues pour la trompette
à palettes (le standard est la 15E4), qui donnent le son plein et chaud
caractéristique de cet instrument. Notons aussi que les embouchures Yamaha
sont les moins chères mais pas les moins bonnes, et que l'équivalent
de la Bach 1½C est la Yamaha 16C4.
Une embouchure se caractérise par plusieurs paramètres qui sont
le bord, la cuvette,
le grain, la queue,
le "gap", la masse
et les matériaux qui la constituent.
Ces paramètre sont expliqués ci dessous. On trouve même
des embouchures asymétriques et vous pouvez aussi faire faire votre embouchure sur mesure !
Enfin, vous trouverez une étude de Paul Anglmayer sur l'influence
des caractéristiques de l'embouchure sur la justesse de la trompette
et un article de Scott Laskey et Jim
Donaldson sur l'évolution du grain.
Doit-on tout jouer avec la même embouchure ?
Certains professeurs de trompette l'exigent, mais si vous regardez dans l'étui
d'un pro, vous y trouverez en général plusieurs embouchures. Évidemment,
un débutant ne devrait pas changer d'embouchure tant que son émission
du son n'est pas stabilisée et optimisée. En revanche, après
quelques années, on peut adopter des embouchures différentes selon
la trompette utilisée et le genre de musique joué. En particulier,
pour la trompette piccolo, on utilise généralement une embouchure
plus petite et plus relevée, avec un bord large : Bach 7DW (utilisée
par Maurice André) ou 10½EW, Schilke 14AX ou 11AX ou Yamaha 7A4 (les embouchure Schilke 14A4a ou 13A4a sont étudiées pour la trompette sib normale et ne donnent pas un beau son à la piccolo).
Changer d'embouchure.
Il faut se méfier des essais d'embouchures chez un vendeur : toute embouchure
nouvelle parait plus facile que celle dont on a l'habitude (surtout si on n'a
pas nettoyé celle-ci depuis un certain temps ...). Seul un essai de longue
durée permet un choix sûr. Il faut donc emprunter l'embouchure
qu'on veut essayer, à son professeur, à un ami ou à un
vendeur coopératif, ce qui est rare car l'embouchure ne peut plus être
vendue ensuite comme neuve. Pourtant, aux USA, c'est une pratique courante,
y compris par correspondance !
Croire qu'on va avoir l'aigu plus facile avec une embouchure plus petite sans
perdre de qualité par ailleurs est un leurre. En revanche, on peut quelquefois
gagner en confort et en efficacité en changeant de marque ou de modèle
dans une dimension voisine (diamètre, forme du bord et volume de la cuvette),
d'où l'intérêt des tableaux d'équivalence tels que
celui-ci.
Le critère de choix qui doit prévaloir est la qualité
du son. L'étendue dans l'aigu et l'endurance s'obtiennent par une bonne technique d'émission et un
travail régulier.
Pour vous aider à orienter votre choix, vous trouverez ci-dessous une
brève description des constituants d'une embouchure et de leur influence
sur la production du son.
Pour information, François Dauverné (qui fut le professeur de J.B. Arban en 1841), dans sa méthode pour trompette publiée en 1857 (celle d'Arban date de 1864), recommandait une largeur de cuvette de 19 mm avec un bord plat de 5 mm et un grain de 5 mm, mais il s'agissait d'une embouchure pour la trompette en Fa grave (naturelle ou à pistons) qui était utilisée dans la musique symphonique, y compris pour jouer les parties les plus aiguës.
La cuvette.
Elle se caractérise par son diamètre et sa profondeur, et
c'est le paramètre le plus souvent indiqué sur les catalogues.
Le diamètre de la cuvette ("cup" en anglais) est normalement
mesuré au niveau de l'inversion de courbure entre le bord et la
cuvette (mais il n'est pas toujours mesuré ainsi, d'où
des malentendus dans la comparaison entre marques). La valeur optimale
pour un instrumentiste dépend du volume de ses lèvres et
de son degré de musculation. Elle résulte d'un compromis
entre le volume du son et l'endurance : plus le diamètre est
grand, plus le son est puissant mais plus l'embouchure est fatigante.
Il est difficile de jouer des embouchures de plus de 17 mm (Bach
1½C, Schilke 15) et déconseillé d'utiliser pour
les trompettes en ut ou si bémol un diamètre
inférieur à 16,5 mm (Bach 7, Schilke 11), même avec
des lèvres minces. Noter que pour une même cuvette, un
bord arrondi donne la sensation d'un plus grand diamètre qu'un
bord plat : ainsi une embouchure Schilke 14C2 parait plus grande qu'une
Bach 1½C, alors qu'une Schilke 14 (=14C3) parait plus petite.
Pour vous y retrouver dans les descriptions d'embouchures, voici un
convertisseur de pouces en millimètres et vice-versa :
Les grands trompettistes classiques utilisent des grandes embouchures : Bach
1½C pour Maurice André, 1¼C pour Wynton Marsalis et même
l'énorme Bach n°1 pour Adolph
"Bud" Herseth* (1921-2013) qui a été première trompette
à l'orchestre de Chicago (la meilleure section
de cuivres du monde) pendant 53 ans, de 1948 à 2001. A 80 ans,
il
était encore capable de jouer les premières parties avec sa trompette
Bach en ut (la même depuis 1948 !) et cette embouchure.
La profondeur et la forme de la cuvette déterminent le timbre du
son et influencent directement la réponse dans l'aigu. Avec une
cuvette peu profonde, le son est plus clair et l'aigu moins fatigant,
d'où l'utilisation de cuvette relevées ou très
relevées en big band. Mais en contrepartie, une cuvette trop
relevée fait monter l'aigu, rend l'attaque incertaine et peut
éventuellement s'avérer inutilisable si l'instrumentiste
a les lèvres souples et utilise beaucoup de pression, car
à chaud elles peuvent toucher le fond de la cuvette.
La forme de la cuvette joue aussi un rôle important dans le timbre et
la justesse, mais il y a une infinité de formes possibles entre une forme
proche du U et une forme proche du V, avec en variante des cuvettes à
double profil... Pour orienter votre choix, lisez l'étude
de Paul Anglmayer.
L'angle "alpha".
Ce terme utilisé par GR mouthpieces désigne l'angle entre l'axe de l'embouchure et la paroi de la cuvette, mesuré juste après l'arrondi du bord. Un grand angle alpha limite la surface de vibration des lèvres, donne l'impression d'une embouchure plus petite et facilite l'aigu ; en revanche, les lèvres risquent de ne pas pouvoir vibrer librement, donnant une impression de trop grande résistance. Un petit angle alpha donne de l'espace aux lèvres pour vibrer, mais demande plus d'endurance et d'effort pour maintenir la vibration, qui risque de d'arrêter dans certains cas extrêmes. Selon GR, chaque trompettiste a besoin d'une valeur de cet angle qui lui est spécifique pour être à l'aise dans son embouchure. Sur les embouchures les plus courantes, l'angle alpha varie entre 13 et 16°. Vous trouverez ici un article donnant la valeur de ce paramètre pour une variété d'embouchures.
Le bord.
La forme du bord ("rim" en anglais) détermine la sensation
du contact et jusqu'à un certain point, la réponse de l'embouchure.
Le bord peut être large ou étroit, plat ou arrondi. Un bord large/plat
donne du confort et de l'endurance, mais au détriment de la souplesse.
Un bord large a un effet d'"ancrage" de l'embouchure sur les lèvres
et peut aider à répartir la pression dans le registre aigu. Un
bord étroit/arrondi favorise la flexibilité et les attaques au
détriment du confort : un bord trop étroit peut être ressenti
comme "coupant" si l'instrumentiste utilise trop de pression.
Le rayon de courbure du bord intérieur de la cuvette est aussi un compromis
: une forme très abrupte facilite la précision des attaques mais
manque de confort, tandis qu'une forme douce a l'effet inverse tout en donnant
la sensation d'une embouchure plus large. Avec une trompette à haute
impédance, on choisira de préférence une embouchure avec
un bord intérieur bien marqué (Bach par exemple), tandis qu'avec
une trompette à basse impédance, on peut prendre une embouchure
plus confortable comme une Schilke.
Le rayon de courbure du bord extérieur n'a d'effet que sur le confort
avec un bord large joué avec beaucoup de pression.
Le grain.
Le grain ("throat" en anglais) est la section cylindrique entre
la cuvette et la queue. Il affecte fortement le son et la résistance
(ou "impédance") : un grain large
abaisse l'impédance moyenne et exige donc plus d'endurance de l'instrumentiste ; en revanche, un grain large (3,8 mm ou plus) fait monter la résonance propre de l'embouchure et facilite donc l'aigu.
Mais les paramètres à considérer sont le diamètre et
la longueur du grain, alors que beaucoup de trompettistes ne s'intéressent
qu'au diamètre. Certais fabricants comme Bach et Schilke proposent des séries spéciales "symphonique" à grain large tandis que chez Donat, toutes les embouchures sont à grain large.
Le diamètre est habituellement indiqué par un code : le grain #27 (3,66 mm de diamètre) est standard chez beaucoup de fabricants ; plus le numéro est grand, plus le diamètre est petit. Un grain étroit facilite l'aigu mais donne un son pincé alors qu'un grain large donne un son plus ouvert et favorise le contrôle
de la justesse par un meilleur couplage avec la colonne d'air interne. Pour
la trompette piccolo, certains fabricants proposent des embouchures spécifiques,
mais divergent à propos du grain : les embouchures piccolo Bob Reeves ou Selmer (Paris) ont un grain
plus étroit que l'embouchure standard, alors que chez Josef Klier, c'est le contraire. Les embouchures Stork série "P" ont un grain #25 (3.81 mm) et une queue plus ouverte. Chez Bach, vous avez le choix,
mais comptez plusieurs mois de délai pour une combinaison personnelle de bord,
cuvette, grain et queue.
La longueur du grain est importante : un grain long aide à "centrer"
la note, produit un timbre plus riche et aide à projeter le son. Un grain
court produit un son large, riche en harmoniques basses et donne plus de souplesse.
Mais un grain trop long fait monter l'aigu et un grain trop court le fait baisser.
Certains trompettistes font repercer le grain de leur embouchure pour
bénéficier d'un son plus large et d'un meilleur contrôle. Vincent Bach ne vendait au début que des embouchures à grain #27 et proposait à ses clients un alésoir pour leur permettre d'élargir le grain eux-mêmes. En fait, si la queue reste inchangée, cela entraîne
aussi un allongement du grain qui peut contrebalancer l'effet du plus grand diamètre,
avec un effet imprévisible sur la justesse.
Si vous voulez un grain plus
large et si vous avez l'endurance que cela exige, allez plutôt voir
chez Donat, Denis
Wick ou Yamaha, ou les séries symphoniques de Bach ou Schilke. Mais si vous avez envie d'expérimenter et que vous êtes prêt à prendre le risque de sacrifier une embouchure dans un essai raté, vous pouvez vous procurer des forets de 3.7, 3.8 et 3.9 mm et y aller prudemment et progressivement en tournant le foret à la main.
Pour en savoir plus, lisez l'article
de Scott Laskey et Jim Donaldson qui
dit tout sur l'évolution historique du grain dans la conception des embouchures
de trompettes.
La queue.
La queue ("backbore" en anglais) est la partie intérieure conique,
de section croissante, de l'embouchure qui va du grain cylindrique jusqu'à
la sortie de l'embouchure. Elle peut être constituée d'une ou plusieurs
parties coniques. L'ensemble de la queue a une conicité moyenne. Exemple
: si le diamètre va de 3.66 mm à 8.74 mm, la différence
est de 5.08 mm ; si la queue fait 63.5 mm de long, la conicité moyenne
est le rapport de 5.08 sur 63.5 soit 8 %. La queue peut avoir une conicité
initiale supérieure, égale ou inférieure à la conicité
moyenne. Si la conicité initiale est supérieure (queue de type "Schmidt" par référence au principal fabricant d'embouchure du début du XXe siècle), l'embouchure
donnera un volume de son plus grand, moins de résistance à l'émission,
et moins d'harmoniques élevées dans le son. Si la conicité
initiale est inférieure (comme dans les embouchures de type big band), c'est le contraire. L'effet est logiquement
de même nature qu'un raccourcissement ou un allongement du grain (voir
ci-dessus).
De façon générale, une queue étroite offre plus
de résistance, aide à la projection du son et favorise les harmoniques
élevées. Une queue plus ouverte est moins résistante, favorise
les premières harmoniques et donne un son qui remplit la salle. La queue
peut avoir une influence sur la justesse, variable selon l'instrumentiste. Une
queue trop large fera monter l'aigu, alors qu'une queue trop serrée le
fera baisser (mais ça peut être utile pour compenser l'effet d'une
cuvette très relevée qui le fait monter).
En big band, on utilise souvent des queues étroites pour favoriser l'aspect
percutant des aigus.. Elles sont repérées par la lettre "a"
chez Schilke (13A4a
ou 14A4a par exemple)
Le "gap".
Il s'agit de l'espace entre la queue de l'embouchure et le resserrement qui
marque le début de la branche d'embouchure. Cet espace ne peut être
tout à fait nul sinon il y aurait risque de flottement de l'embouchure
dans le récepteur, à moins de construire une trompette dont l'embouchure
est solidaire de la branche et non interchangeable, comme les premières
séries des trompettes Monette. GR Technologies vante une mystérieuse
formule* pour
calculer la valeur optimale du "gap", mais qui suscite un certain
scepticisme. Bach recommande un "gap" de 1/8", soit environ 3
mm. Les trompettes Courtois "Evolution" ont un récepteur d'embouchure
vissant qui permet de l'ajuster. De toutes façons, ce paramètre
est commenté ici pour mémoire car il est difficile à mesurer
et son effet controversé. En outre, l'utilité du gap n'est pas évidente : les trompettes à palettes et les bugles ont des branches lisses intérieurement si bien qu'il n'y a pas de gap.
La masse.
David Monette* a été
le premier à explorer l'effet d'un alourdissement des diverses parties
de la trompette, et en particulier de l'embouchure. Depuis, presque tous les
fabricants d'embouchures proposent des variantes "lourdes" de leurs
modèles les plus vendus. Rappelons que l'augmentation de masse a pour
effet de diminuer la vibration de l'instrument, donc la perte d'énergie.
Une embouchure lourde apporte plus de puissance et un timbre plus brillant.
En outre, la tenue en mains de la trompette est plus équilibrée
et donc moins fatigante à la longue. On trouve dans le commerce des "boosters",
pièces de métal à enfiler sur une embouchure normale pour
l'alourdir, mais le couplage avec l'embouchure, fait par un joint en caoutchouc,
est imparfait et donc moins efficace qu'avec une embouchure massive.
A noter que chez Bach ou chez Donat, les embouchures lourdes (série "Megatone" chez Bach, Massive chez Donat)
ont en standard un grain un peu plus large (#26 au lieu de #27 chez Bach, 3,9 au lieu de 3,8 mm chez Donat) que les embouchures
normales, ce qui n'est pas le cas chez Denis
Wick (série "Heavy Top").
La matière.
Les embouchures sont en général en laiton argenté ou doré.
La dorure coûte plus cher mais est appréciée par des instrumentistes
sensibles au contact des oxydes et sels d'argent qui se forment à la
longue sur une embouchure courante. C'est d'ailleurs une bonne raison pour la
nettoyer souvent : on est toujours surpris des gains de sonorité et de
facilité qu'apporte un bon nettoyage de l'embouchure ! Notez cependant que les embouchures à bord plaqué or glissent un peu plus sur les lèvres que celles plaquées argent, ce qui peut gêner certains.
Il y a eu autrefois des tentatives pour faire des embouchures en aluminium anodisé (Jet-tone, Curry), mais le contact avec le laiton en milieu humide et salin entrainait une corrosion rapide. On commence maintenant à voir apparaitre des embouchures en acier inoxydable ou en titane, mais elles sont coûteuses à usiner, d'où un prix de vente très élevé sans que leur avantage soit évident.
Les embouchures en plastique ou en bois conduisent moins bien la chaleur que
les embouchures en métal, d'où leur intérêt pour
les musiciens militaires qui doivent quelquefois jouer par des températures
très basses : elles permettent de maintenir les lèvres à
une température correcte et donc d'avoir de la souplesse. En revanche,
dans des conditions normales, elles n'évacuent pas assez la chaleur produite
par la vibration, et l'échauffement excessif des lèvres réduit
l'endurance et la capacité à monter dans l'aigu.
Les embouchures asymétriques..
Pourquoi les embouchures sont elles de section circulaire, alors que la bouche
des instrumentistes n'a pas cette forme ? La raison est que ça
coûte moins cher à fabriquer, puisqu'on peut les usiner avec
un simple tour, et que les musiciens sont très méfiants devant
toute innovation un peu radicale. Dans les années
1970, Selmer France a sorti une série
d'embouchures asymétriques signées "Maurice André",
de section circulaire mais avec le bord excentré, plus large pour
la lèvre supérieure que pour la lèvre inférieure
(selon le concepteur), alors que la logique voudrait que ce soit l'inverse.
A l'usage, l'intérêt
n'est pas évident,
même en l'utilisant dans l'autre sens (j'en ai une, que j'ai rapidement
abandonnée).
Plus radicale est l'approche de John H. Lynch, ingénieur de la NASA
et trompettiste, qui construit une embouchure
asymétrique* optimisée pour le registre suraigu, en
s'appuyant sur une étude
théorique de son fonctionnement (voir la page
précédente). Certains en disent du bien, d'autres
la disent injouable... Pour me faire une opinion, j'en ai acheté une
en janvier 2004, le modèle lourd Opera, conçue pour jouer
du classique avec un son assez sombre. Conclusions après trois
semaines d'utilisation : du côté positif,
il faut réduire la force d'appui, l'aigu sort assez bien et
elle n'est pas fatigante ; du côté négatif, on perd
beaucoup en puissance par rapport à une bonne embouchure classique
(surtout dans le grave), le son n'est pas terrible et le placement sur
les lèvres
doit être
précis sinon on n'en sort rien. Je l'ai donc abandonnée. Le concept est valide, puisque
les qualités
revendiquées
sont bien là,
mais il reste à faire un gros
travail de mise au point avant que ces embouchures soient réellement
compétitives en termes de performances musicales.
Les embouchures Wedge.
Un médecin canadien, Dave Harrison, a développé un concept différent : la cuvette de l’embouchure reste circulaire, mais le bord est aminci et abaissé vers l’extérieur sur les côtés (voir la photo). Selon son concepteur, cette forme de bord permet aux lèvres de vibrer plus librement, facilite la circulation du sang qui élimine l’acide lactique d’où une meilleure endurance, et permet d’avoir des bords larges en haut et en bas sans entraver l’articulation.
J'ai testé la Wedge 1,5BC, sur ma trompette Bach en sib. Les avantages : pas de problème d'adaptation comme avec les embouchures Asymmetric ; le son est agréable, avec beaucoup de chaleur ; l'articulation et les attaques sont très propres. Les inconvénients : le confort est moyen ; la puissance est réduite, il faut donner plus pour atteindre le même niveau subjectif ; finalement, le gain d'endurance est compensé par ce rendement inférieur. Pour la trompette piccolo, il n'y a que des avantages, puisqu'on ne cherche pas la puissance, et j'ai acheté une 7CC avec queue Warburton n°6.
Les embouchures Wedge sont chères et un essai est conseillé avant achat pour savoir si ce concept particulier vous convient. Malheureusement, il n'y a plus actuellement de distributeur en France.
Une embouchure sur mesure ?
La société Donat propose deux possibilités : spécifier la cuvette ou créer une embouchure entièrement spécifique à votre nom. Pour la cuvette sur mesure, le prix très raisonnable met cette prestation à la portée de la majorité des trompettistes - à condition qu'ils aient réellement compris comment fonctionne l'embouchure pour eux - sinon il vaut mieux se fier au catalogue de la société qui offre des modèles bien conçus (j'en ai acheté une après essais).
La réalisation d'une embouchure entièrement personnalisée nécessite de nombreux échanges et la réalisation de prototypes successifs jusqu'à obtenir le modèle qui vous convient parfaitement. Le tarif forfaitaire de 490 € plus frais d'expédition inclut 4 prototypes successifs d'embouchures en laiton brut + 1 embouchure finale plaquée or et gravée à votre nom. Quand je considère la somme que j'ai dépensée en une douzaine d'embouchures avant de trouver celles qui me conviennent, je suis sûr que c'est un investissement plus utile que de mettre 15000 € dans une trompette Monette ...
Chez Josef Klier, on peut obtenir une embouchure presque sur mesure dans la série "Exclusive" en spécifiant le bord, la cuvette et le grain (3,6, 3,7 ou 3,8 mm) avec bord dévissable ou fixe, argenté, plaqué or ou en plexi, etc... le tout pour un prix raisonnable comme toutes les embouchures de ce fabricant.
En conclusion.
L'embouchure est le composant le plus important de la trompette, celui qui va déterminer le type de son, la justesse et le degré d'endurance du trompettiste. Quand vous voulez remplacer votre embouchure, choisissez la nouvelle en fonction du type de son recherché, vérifiez que vous pouvez avec elle sortir un "mi" à vide juste (comparez avec le doigté 1+2), comparez la facilité, la précision d'émission et le confort avec votre ancienne embouchure. Essayez-la au moins pendant vingt minutes puis reprenez l'ancienne et comparez.
Un trompettiste expérimenté jouant dans des formations diverses pourra disposer de plusieurs embouchures : une pour le big band et les variétés avec une cuvette relevée, une pour le classique ou le quintette avec une cuvette assez profonde et un grain et une queue larges, une pour jouer en extérieur en harmonie ou fanfare avec un bord large et une cuvette moyenne pour favoriser l'endurance, et enfin une pour la piccolo.