Les musiciens sont toujours attentifs non seulement à un accord correct, mais aussi à la qualité des sons qu'ils produisent et à la sécurité avec laquelle ils peuvent attaquer les notes. Ils sont aussi très soucieux de l'étendue de la dynamique disponible sur l'instrument qu'ils ont choisi. Depuis plusieurs années, il est possible de faire des mesures assez objectives de la justesse des instruments de musique, ce qui a conduit quelques fois à donner une importance exagérée à cet aspect de l'interprétation musicale. L'accord est une question de contexte musical, et donc se tenir debout devant un appareil de mesure des fréquences est jouer dans un contexte peu familier, pour dire le moins. D'autre part, de telles observations, quand elles sont correctement utilisées, peuvent être la base d'une grande clarification de la façon pratique d'obtenir un accord musicalement correct. Par exemple, si un musicien cherche la façon de jouer chaque note particulière qui lui donne le son le plus clair et le timbre le plus plein, cela le conduira automatiquement à trouver la hauteur la plus proche du comportement naturel de l'instrument. Autrement dit, l'amplitude de variation de l'accord du musicien peut être très réduite si nous demandons à l'instrument lui-même où il préfère jouer, si l'on peut dire. Il est important de rappeler, cependant, que la hauteur est seulement un des aspects de la production du son musical, parmi d'autres subtilités comme la clarté sur une large gamme dynamique et le comportement des attaques. Il n'a pas été possible jusqu'à une date assez récente de corréler de tels aspects transitoires de la production d'un son musical avec les caractéristiques détaillées de conception de l'instrument.

Arrivé à ce point, je voudrais décrire d'une façon préliminaire certains des événements acoustiques qui se produisent dans un instrument à vent en cuivre quand il joue une note simple de sa gamme et ainsi rapprocher les caractéristiques de jeu de l'instrument à la nature de sa colonne d'air. Nous constaterons qu'une colonne d'air musicale doit satisfaire à des exigences très rigoureuses pour jouer même une seule note correctement ; par une circonstance très heureuse, une conception qui "chante" bien peut généralement aussi être adaptée à jouer une gamme entière de sons justes. Ainsi notre restriction présente de la discussion à une seule note ne nous limitera pas dans notre compréhension éventuelle de l'instrument complet tel qu'il vit dans un orchestre.

Par essence, un instrument à vent consiste en un tuyau de section variable, couplé à un mécanisme de contrôle de flux qui convertit un apport régulier d'air des poumons du musicien en oscillations de la colonne d'air contenue dans le tuyau. La figure 1 montre schématiquement la structure générale caractéristique d'un instrument à vent en cuivre.

Figure 1 : Structure générale d'un cuivre

Le flux d'air du musicien passe entre ses lèvres, qui s'ouvrent et se ferment rapidement en réponse aux variations acoustiques dans l'embouchure et admettent ainsi un flux d'air dans l'embouchure qui varie de façon périodique. C'est ce flux variable qui entretient les oscillations de la colonne d'air. Plus concrètement, les lèvres fonctionnent comme une sorte de valve, qui s'ouvre et se ferme en réponse aux variations de pression d'air dans l'embouchure, qui oscille entre une valeur supérieure ou inférieure à la pression atmosphérique. Cette variation de pression se produit parce que l'air dans l'instrument oscille dans le sens de sa longueur. Le mouvement vibratoire longitudinal de la colonne d'air est entretenu par les bouffées périodiques d'air fournies par les lèvres agissant comme une valve. Si, par exemple, une trompette joue le La du hautbois (440 Hz), la colonne d'air oscille dans la longueur du tuyau dans un mouvement complexe qui se répète 440 fois par seconde, forçant les lèvres à admettre des bouffées d'air de forme complexe dans l'embouchure à cette même fréquence de 440 fois par seconde. Pour nous aider peut-être à visualiser ce qui se passe, portons notre attention sur un dispositif analogue à ce système de colonne d'air.

L'acoustique de la trompette
Notions préliminaires d'acoustique
La "trompette d'eau", un analogue à ce qui se passe à l'intérieur d'une trompette
La fonction des lèvres du musicien
La fonction du tuyau et du pavillon - A l'intérieur de la colonne d'air
La coopération requise pour un résultat musical
La trompette baroque
Le spectre interne de la trompette moderne
Le spectre interne de la trompette baroque
Relation entre le spectre interne et le timbre perçu
La trompette de Menke
Le problème d'une attaque propre
Mahillon revisité
Conclusion
Notes bibliographiques