La respiration
Il s'agit de retrouver la respiration naturelle.
Pour cela, il conviendra de prendre conscience de ce qui se passe
à l'intérieur de notre corps. La difficulté
consiste à éviter de "respirer", volontairement : il faut
"se laisser respirer". Il faut se regarder respirer.
Lorsque l'attention est bien centrée sur le mouvement du
diaphragme, on arrive à sentir comment l'inspiration se fait. Le
diaphragme descend et aspire l'air (inspiration) ; puis toute une
série de muscles, notamment du dos, font pression sur le "sac
d'air" et poussent le diaphragme vers le haut, ce qui nous fait rejeter
l'air (expiration).
Je ne fais que rappeler un processus naturel, mais encore faut-il en
prendre très précisément conscience. Il nous faut
d'abord retrouver, puis aider ces mouvements naturels. Et il faut
parvenir à les réaliser en force, sans se contracter,
sinon le succès de l'opération est rapidement compromis.
Allonger progressivement le mouvement du diaphragme, en laissant l'air
pénétrer en quantités de plus en plus importantes
dans les poumons. Il y a là toute une rééducation
et tout un entraînement à réaliser. Cela ne se fait
que progressivement.
Il est primordial de ne pas brusquement et volontairement avaler l'air.
Il s'agit de faire en sorte que notre corps appelle l'air. Une fois que
les muscles mis à contribution dans l'expiration ont fait leur
travail vient une phase de décontraction : les muscles
inspirateurs (diaphragme notamment) entrent en action, en souplesse. Au
début de chaque mise en train, le trompettiste devra "placer" sa
respiration par une bonne mise en condition.
Pour ce faire, chanter plusieurs HA ! HA ! Bien aspirer ces HA ! Ne
cherchez pas à chanter une note précise ; soyez "atonal".
L'essentiel est de prendre conscience de l'emplacement du corps sur
lequel se déroule ce HA ! qu'on peut faire assez long. Cet
emplacement se trouve dans la poitrine et non dans la gorge. Pour bien
déterminer cet emplacement, "supprimer" les cordes vocales,
c'est-à-dire : continuez à dérouler votre souffle
sans bruit, mais en ayant toujours cette impression d'appuyer sur le HA
! On peut vérifier que le mouvement se fait correctement en
mettant la main à plat en dessous de la poitrine et sur le dos,
en poussant sur ces mains jusqu'à épuisement de l'air. On
se rendra compte, de la sorte, que le travail s'accomplit par les
muscles du dos durant le déroulement du souffle
nécessaire pour faire des HA ! bien aspirés ; il faut
s'intérioriser et se laisser rugir comme une bête.
Par la suite, on apprendra à se servir de cet air. Restons-en
encore sur cet exercice. Une fois que nous avons épuisé
l'air, en continuant toujours à appuyer sur notre main —
j'ai bien dit "jusqu'à épuisement" de l'air et même
au-delà. Le diaphragme se détend : il faut profiter de
cette détente pour "se laisser inspirer" : l'on sent alors l'air
pénétrer jusque dans le bas des reins, les cotes
flottantes se soulèvent et les poumons se remplissent
entièrement. Pendant cette opération, gardez le
bas-ventre sanglé et l'abdomen libre, mais ferme, afin que le
diaphragme puisse faire son mouvement inspirateur (retrait) en
souplesse. Suivre ce mouvement du diaphragme par la pensée ; il
doit aller jusque dans le bas des reins ; lorsqu'il en arrive
jusque-là et à ce moment précis, vous appuyez vers
le bas avec tous les muscles du dos. C'est ce qui fera monter le
diaphragme. A ce moment-là. le souffle part de votre poitrine et
l'émission du son se fait, nous y reviendrons plus
loin.
Maintenant que je vous ai détaillé tout le processus de la respiration, reprenons les points principaux.
Se tenir droit, le bas-ventre sanglé (vider l'air
discrètement, mais vite pour prendre conscience de la position
du diaphragme, relâcher celui-ci pour qu'il puisse venir se
placer en "oblique" ; ne pas relâcher l'attention : suivre ce
mouvement pendant tout le temps nécessaire ; l'air
pénètre dans les poumons, ne pas tolérer que le
ventre se gonfle ; nous sommes plein d'air.
Laissez pénétrer l'air soit par les coins de la bouche ou
par le nez. Ceux qui doivent rectifier leur position d'embouchure
devraient "laisser pénétrer l'air" par le nez
(éviter de "sentir" l'air qui passe dans le nez). Par la bouche,
veillez à "laisser pénétrer" et non avaler. Pour
moi, les deux termes "sentir" et "avaler" l'air sont dangereux ; tous
les deux nous conduisent à inspirer au sommet des poumons, ce
qui a pour effet de nous amener à rejeter l'air de la même
manière, c'est-à-dire en haut du corps, sans le secours
du diaphragme : nous jouerons à la hauteur de la gorge, de la
bouche et de la langue. C'est cela même que j'appelle "jouer
à l'envers" et "jouer devant". A partir de là, tous les
ennuis imaginables vont se développer.
Encore un conseil : pour favoriser l'inspiration, décontractez
toute la cage thoracique, comme si les côtes se soulevaient
à l'approche des poumons ; vous atteindrez une réserve
accrue d'air ; quant à ces côtes, en se remettant en
place, elles vous aideront à faire de la pression.
Règle : pendant le mouvement inspirateur du diaphragme, les
muscles abdominaux ne doivent pas se relâcher ; on a donc
avantage à se tenir toujours droit, la poitrine haute ; cette
tenue favorise la bonne inspiration. Veillez à ne pas soulever
les épaules : et ne pas non plus laisser tomber les
épaules. Pour bien apprendre cette position, j'emploie une
méthode toute simple : à se coller le dos et les paumes
au mur, se maintenir dans cette attitude, pendant l'expiration et
l'inspiration, sans que les mains ne bougent. Analyser tout ce que je
viens de vous dire : tout cela "se produit" ; ne pas s'obliger à
le faire.
De nos jours, il est malheureux de constater que les cages thoraciques
s'affaissent, les épaules tendent à tomber, les ventres
sont relâchés. Ce relâchement dans l'attitude est
une des principales causes des difficultés que beaucoup
d'élèves éprouvent pour prendre l'air
correctement. Donc tenez-vous droit, la poitrine bien
dégagée, la sangle abdominale ferme et tout se passera
bien.
Je termine ce chapitre en insistant sur la nécessité
d'axer son esprit pendant tout le temps que se déroulera le
souffle sur le travail des muscles du dos ; grâce au travail de
ces muscles, vous aurez votre équilibre et vous "resterez
vertical"
Parlons de respiration.
Allongez vous sur le dos, bien décontracté, regardez vous respirer
: à l’inspiration, l’abdomen se gonfle. Mettez la main sur
l’abdomen, voilà, à l’inspiration donc, l’abdomen
se gonfle, à l’expiration, il se dégonfle, ce qui veut dire
que vous ne savez pas du tout si vous prenez de l’air de l’extérieur,
vous ne vous en rendez pas compte. Quand, par exemple, vous expirez, vous ne
vous rendez pas compte que vous renvoyez votre souffle vers l’extérieur,
c’est quelque chose de continu : inspiration - expiration, vous ne pouvez
pas me dire à quel moment l’inspiration se transforme en expiration,
si vous pouvez me le dire c’est que vous vous arrêtez. Il est conseillé
de ne jamais s’arrêter de respirer !
Rien de plus simple.
Maintenant, mettez vos mains en dessous de vos côtes flottantes, dans
le dos ; pour sentir ces côtes, à l’inspiration, il faut
sentir les côtes flottantes se soulever, elles sont là pour ça,
vous voyez ? Vous les sentez, les côtes flottantes se soulèvent,
c’est l’inspiration. Le diaphragme épouse les côtes,
devant le thorax, et il s’en va en arrière, les côtes flottantes
se soulèvent, on dit que c’est une respiration costo-abdominale-diaphragmatique,
on devrait même dire diaphragmatique-costo-abdominale, parce que c’est
grâce au diaphragme qu’il y a inspiration.
Vous n’êtes pas en train d’avaler de l’air, ça
rentre tout seul, le diaphragme fait son travail, dans cette position allongée,
vous êtes décontracté, ça se passe donc très
bien : il faut simplement en prendre conscience. Il se passe exactement la même
chose quand vous jouez, il y a seulement une chose que vous ne verrez pas, c’est
votre abdomen qui rentre, comme il rentre en ce moment, vous ne le verrez pas
rentrer, parce que vous allez vous servir de vos abdominaux, de vos dorsaux,
pour émettre un son, c’est à dire mettre votre air en pression.
Poussez, poussez, ça ne doit pas rentrer, attention, ça rentre
mais vous ne le voyez pas.
Une pression se fait donc à l’intérieur, ça va rentrer
parce que vos abdominaux vont intervenir, les muscles se dédoublent,
comme les biceps, comme n’importe quel muscle qui réagit, et vos
abdominaux vont pousser sur votre sac d’air et vont se dédoubler,
en haut à l’extérieur, vous ne sentirez rien, ça
rentre seulement en dessous de la ceinture abdominale : c’est votre expiration,
vous allez vous retrouver plat comme une galette. Regardez vous respirer encore
une fois, voilà, mettez votre main sur votre abdomen, l’abdomen
se gonfle, inspiration, il se dégonfle, expiration, comme je vous ai
dit tout à l’heure, ça sera toujours comme ça. Ça
joue, c’est pareil, vous ne verrez pas votre abdomen rentrer mais votre
ceinture abdominale doit intervenir pour vous faire faire de la pression, une
pression intérieure, qui aura une influence sur la projection, bien sûr,
une influence intérieure, une pression intérieure, comme quand
vous chantez.
Quand vous chantez, c’est intérieur, la pression se fait, ça
sort mais vous n’êtes pas en train de faire sortir votre chant.
Alors maintenant chantez : pourquoi pas ? Allez, chantez !! Poussez !
Ça se dégonfle en dessous, vous retrouvez ensuite votre inspiration,
bravo, là, vous avez votre inspiration abdominale, diaphragmatique costo
abdominale, c’est bien ça, Ça s’est fait tout seul
parce que vous vous êtes décontracté.
Recommencez.
C’est l’envie de chanter qui provoque cette inspiration, que vous
ne faites pas, donnez vous un peu de peine, allez, faites trembler la baraque,
il faut que ce soit une inspiration abdominale, comme vous faisiez tout à
l’heure, inspiration naturelle.
Poussez contre votre main, ça se dégonfle, et ensuite vous décontractez
votre ceinture abdominale.
Maintenant il faut que vous retrouviez tout ceci dans une position verticale.
Vous vous regardez respirer, ne faites rien, le diaphragme descend, et il remonte.
Il faut retrouver exactement ce que vous avez fait, ce qui se faisait avant,
quand vous étiez allongé. Mettez votre main là, sous vos
côtes flottantes, le diaphragme épouse la cage thoracique, il commence
par soulever les côtes flottantes, ce n’est pas lui, c’est
l’inspiration qui se fait, ce sont vos poumons qui se gonflent, voilà,
c’est à la base que ça se passe, pas là-haut, ne
vous tourmentez pas, tout le monde a tendance à être en-haut et
devant mais ce qui se passe devant est la conséquence, justement, c’est
le trop plein des côtes flottantes qui sont soulevées, on ne peut
plus faire mieux, et devant, ça se garnit.
Bon, alors maintenant, donnez votre main, retrouvez ce qu’on a fait, ce
qui se faisait, pardon, regardez bien, voilà, décontraction, et
inspiration naturelle.
Allez-y, chantez, mettez votre main sur votre abdomen, comme on a fait tout
à l’heure.
Attention : ne commencez pas par l’inspiration mais par la décontraction
qui vous amène l’inspiration, je ne sais pas si vous me suivez
? Vous vous êtes décontracté mais en même temps vous
avez pris de l’air, regardez bien, ça rentre tout seul, puisque
lorsque nous jouons, lorsque nous chantons, le diaphragme monte, on ne s’en
occupe pas mais enfin il monte, je me décontracte, il descend et me fait
inspirer. Quand vous étiez allongé, vous vous êtes rendu
compte que votre diaphragme prenait l’air et renvoyait l’air, donc
si vous êtes décontracté, votre diaphragme va faire son
travail de muscle inspirateur, c’est clair ?
Poussez, poussez, lâchez tout, ne prenez pas d’air, merci, et ça
repart, et là..... ? Vous êtes frustré, vous vous dites
"mais il ne fait pas d’air avec son truc !". A la fin de l’émission
il n’y a plus rien, évidemment, vous êtes en manque, vous
avez fini votre phrase, alors vous donnez la priorité à faire
rentrer l’air et c’est le commencement de la fin, parce que vous
avez pris de l’air au lieu de le laisser pénétrer. Ce n’est
pas de l’air, c’est de la musique qui rentre.
Vous allez vous régaler !
La décontraction entraîne l’inspiration, vous n’avez
pas à inspirer, le diaphragme fait son travail.
Chacun se met en l’air à cause de ça, les professeurs font
prendre de l’air, l’inspiration se fait au sommet, la respiration
est thoracique, et puis on bloque, et on vient jouer, c’est foutu, la
vie n’y est plus.
Tout le monde prend de l’air, voilà, prend de l’air, met
de l’air, il suffit de dire à quelqu’un "allonge ta
phrase !" pour qu’’il prenne de l’air.
C’est l’artiste qui doit commander au manoeuvre, qui va lui faire
prendre un peu plus, pas d’air, de musique, c’est de la musique
! Et de la musique, il nous semble qu’on va pouvoir en prendre, en prendre...
Il faut prendre conscience des côtes flottantes, tout est là. C’est
une ceinture d’air, regardez vous respirer, prenez de la musique, des
vibrations, voilà, eh!bien vous voyez, ce n’est pas vous qui prenez
de l’air. Il va falloir retrouver cette inspiration, après l’effort,
mais l’effort qu’est ce que c’est ? Les abdominaux, les dorsaux,
c’est tout, le diaphragme n’est pas dans le coup, il remonte, il
descend, il fait son travail de muscle inspirateur.
La leçon de trompette "vraie" :
La respiration
La langue
Les lèvres
La décontraction
L'émission
La racine
Le plaisir
Le son
Finalement
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