La leçon de trompette de

Robert Pichaureau
(Chinon 1918 - Toulouse 1999)
Propos recueillis par Philippe Maillard

Merci à Philippe Hamon d'avoir accepté la diffusion de ces photos privées, et à Fabien Delépine de me les avoir transmises

Avant propos

Robert Pichaureau est né à Chinon en 1918. Il fait ses études au conservatoire de Tours dans la classe de Marcel Papaix, lui-même élève des maîtres Eugène Foveau (élève de Merri Franquin) et Albus de Toulouse.

En 1936, il entre comme auditeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et travaille avec le maître Eugène Foveau.

Il fait ensuite carrière au pupitre des bugles de la Musique de l’Air. Parallèlement, il se consacre à la pédagogie, ce qui l’amène à s’intéresser aux nouvelles techniques apportées par les musiciens américains en 1945. Bi-ut et triple-ut sont choses courantes dans les arrangements jazz ou variété de ces orchestres. Ce que beaucoup ne font que survoler, il l’étudie à fond, en l’appliquant avec ses élèves. Cela le mène, après des dizaines d’années de pratique, à devenir le docteur des trompettistes "égarés". Les trompettistes qui font le métier savent bien qu’il sera toujours là pour les remettre en place en cas de passage à vide.

Il gardera toute sa vie une certaine méfiance vis à vis des conservatoires. Il faudrait savoir parfaitement respirer et se décontracter avant d’y rentrer. Si les racines ne sont pas construites avant, le séjour en conservatoire est plutôt destructif et forme plus de techniciens que d’artistes. La preuve en est que la grande majorité de ses élèves sortent des conservatoires, même parmi les plus grands. Cette situation s’explique si l’on fait le parallèle entre l’enseignement du violon et celui de la trompette. Le mouvement nécessaire pour jouer du violon peut s’observer, et donc se corriger, depuis l’extérieur, le son n’étant pas attendu avant plusieurs années. Le mouvement du trompettiste est presque totalement intérieur et doit être deviné et ressenti par le professeur. Cela doit demander beaucoup trop de patience car pourtant le son est exigé dans la première année d’apprentissage. C’est le meilleur moyen de détruire un trompettiste dans l’oeuf.

Les méthodes de trompette européennes insistent sur les exercices et non sur le mode d’emploi, à l’exception de celle de Merri Franquin, professeur de trompette à Paris au début du siècle (Éditions Enoch et Cie). On peut citer parmi elles Arban, Balay, Clodomir. Les méthodes de trompette américaines proposent d’excellents modes d’emploi mais qui ont peu été traduits en français. On peut citer Clarke, Colin, Schlossberg, Shuebruck, Gordon ou Spaulding.
Robert Pichaureau était le mode d’emploi le plus efficace qui soit.

Robert Pichaureau a enseigné à l’école de musique des Lilas et dirigé l’école de musique de Brétigny-sur-Orge en région parisienne. Après sa retraite, dans les années 1980, il s’est installé à Gratens au sud de Toulouse où il a poursuivi son enseignement jusqu’à sa mort en février 1999.

Je reproduis ici le texte d’un article qu’il écrivit en une nuit, la veille d’une journée pédagogique pour l’école de musique de Lons-Le-Saulnier en 1978. Ce texte ne le satisfaisait pas totalement et nous l’avons remanié en mai 1997 par une leçon type, enregistrée en direct avec un élève et retranscrite de deux façons :
en langage écrit en organisant les paragraphes, comme elle pourrait se trouver dans un manuel,
en langage parlé pour retrouver tout le plaisir de la personnalité chaleureuse de Robert Pichaureau.
J’ai ajouté pour terminer les différents supports visuels qu’il utilisait pour mieux nous aider.
Tout cela pourrait s’appeler la méthode de trompette de Robert Pichaureau. C’est le mode d’emploi pour tous les recueils d’exercices existants...

Philippe Maillard


Philippe Maillard est un trompettiste amateur toulousain, ingénieur dans l’industrie minière, autodidacte avant de rencontrer Georges Bouron puis Robert Pichaureau. Il s’est un jour enfin décidé à souhaiter jouer toutes sortes de programmes avec le plus de plaisir possible. Ses années d’amitié avec Robert Pichaureau l’ont conduit à écrire ce livret qui peut servir de base à celui qui veut se régaler…
On peut le contacter pour lui faire part de ses commentaires :
Philippe Maillard
7 Rue Robert Aron
31100 Toulouse
05 61 43 05 37
Philippe Maillard peut fournir sur demande l'enregistrement sur CD de la leçon.

Voici aussi le témoignage d'un autre de ses anciens élèves, Lorenzo Cardona, qui a assisté à la rencontre entre Robert Pichaureau et Maurice André :
"Robert Pichaureau ("Toto" pour ses amis et ses élèves) a fait débuter Nicolas André, deuxième fils de Maurice André qui avait 11 ans à l’époque. J’ai assisté à son tout premier cours de trompette en présence de son père mais dispensé par Toto. Le frère aîné de Nicolas, notre regretté Lionel tragiquement disparu dans un accident de montagne, suivait les cours de Toto depuis plusieurs années déjà. Fervent disciple, il le considérait comme son sauveur. En effet, Lionel, excellent trompettiste qui avait déjà effectué des enregistrements avec son père, en suivant les conseils d'autres professeurs qui pourtant pensaient bien faire, s'est brusquement trouvé confronté à des difficultés et des blocages sur la trompette. En désespoir de cause, ayant entendu parler de Pichaureau il a pris contact avec lui. Peu à peu Robert Pichaureau, le clinicien de la trompette, a redonné confiance à Lionel et lui a fait retrouver tous ses moyens. Cette fois-ci non plus de manière intuitive, mais en lui faisant pleinement prendre conscience des racines du son et de la manière de procéder. Maurice André a pu ainsi constater sur Lionel l'efficacité de l'enseignement de Robert Pichaureau. Lorsque son deuxième fils, Nicolas a débuté, c'est avec la confiance la plus absolue qu'il l'a remis entre les mains de Pichaureau. Pour rien au monde il n’aurait manqué les cours de son fils, il y assistait régulièrement avec une attention soutenue. Combien de fois avons-nous vu le grand maître se lever brusquement et s'exclamer : « putain Robert mais tu as raison c’est tout à fait ça. » Dans son coin sur sa chaise, il expérimentait la "méthode Pichaureau" et faisait les exercices respiratoires avec les élèves. Des fois, alors qu’il était au faîte de sa carrière, il remerciait Toto parce qu’en concert en suivant ses conseils il exécutait plus facilement certains passages délicats. Quelle humilité ! Et quelle revanche pour Toto qui a eu tant de détracteurs - et il en a eu - de voir son enseignement plus qu’approuvé et suivi par le grand maître."

Comment en suis-je arrivé là ?  par Robert Pichaureau (1978, révisé en 1997)
Une leçon de trompette "live"  enregistrée sur le vif par Philippe Maillard (1997)
Les expressions favorites  de Robert Pichaureau
Quelques images  utilisées comme support de cours
Une bibliographie  par Philippe Maillard
Une liste de professeurs de trompette qui ont été élèves de Robert Pichaureau et perpétuent sa méthode