Version originale en anglais au format PDF ou HTML      Traduit en mai 2002 par Joël Eymard pour http://la.trompette.free.fr

Optimisation informatique des cuivres par Wilfried Kausel (suite)

Représentation de la géométrie de l'instrument

Une représentation correcte de la géométrie de l'instrument est déjà un point critique. La représentation de l''instrument utilisée dans l'optimiseur assigne des structures de données appelées segments aux parties physiques de l'instrument comme l'embouchure, les coulisses, le pavillon, et cetera. Ces segments contiennent des suites d'éléments coniques élémentaires décrits par des paires de coordonnées représentant le diamètre d et sa position x le long de l'axe du segment ou en option l'incrément de diamètre et sa position relative. Chaque variable de coordonnée (x ou d) est liée à une instruction qui détermine si et comment (resp. de combien) on permet à cette valeur d'être modifiée pendant l'optimisation.
En mélangeant des coordonnées absolues et relatives, on peut librement spécifier l'insertion à un endroit donné de manchons cylindriques ou coniques d'une certaine longueur. La position, la longueur et le diamètre du manchon peuvent être laissés libres pour l'optimisation. En laissant libre la dernière valeur de x d'un segment, on permet l'optimisation de sa longueur. Cela peut être essentiel quand on doit modéliser la coulisse d'accord d'un instrument. Un autre paramètre d'optimisation qui affecte l'accord global est la température de l'air. Elle peut être laissée libre entre des limites indiquées comme les autres variables.

Faire des coordonnées géométriques d'un instrument des variables d'optimisation est une façon très simple et souple de donner à l'optimiseur assez de liberté pour trouver n'importe quelle forme permettant d'atteindre un optimum. L'algorithme d'optimisation de Rosenbrock est en effet capable de fonctionner avec ce haut degré de liberté et, comme on le montrera ci-dessous, a donné de bons résultats même avec 100 coordonnées variables ou plus. Les méthodes d'optimisation génétiques n'ont pas bien fonctionné avec autant de paramètres. Il s'avère que ni l'initialisation standard, ni les méthodes de croisement et de mutation, ni la configuration de paramètres standard des génomes à suite binaires ne conviennent pour cette sorte d'optimisation des coordonnées.
A un niveau supérieur, les segments sont maintenant arrangés en structures plus grandes comme dans la construction réelle des instruments. Une configuration d'instrument, qui correspond à un certain doigté des pistons est représentée par une structure de données appelée "configuration".

La plupart des instruments permettent de modifier leurs longueurs acoustiques au moyen de valves (pistons ou valves rotatives, NdT). Quand le musicien actionne une valve, un segment de tube correspondant est inséré à un certain endroit augmentant la longueur acoustique totale et faisant baisser les fréquences de résonance de l'instrument. De cette façon les gammes chromatiques peuvent être jouées même dans le grave.
L'optimisation d'un instrument doit en tenir compte. Certaines parties comme l'embouchure, la branche d'embouchure, la coulisse d'accord ou le pavillon contribuent toujours à la longueur acoustique de l'instrument. Toute modification de ces parties influencera également toutes les notes jouées quelle que soit la position des valves. D'autres segments, les coulisses des valves, sont seulement actifs quand la valve correspondante est actionnée.
Traiter les différentes combinaisons de valves d'un instrument comme autant d'nstruments différents n'est pas une solution à moins que les modifications des parties communes de l'instrument ne soient synchronisées correctement. Si différentes combinaisons de valves ont été optimisées séparément, il peut être impossible d'appliquer les résultats ensemble à un instrument physique parce qu'ils pourraient contenir des propositions de modifications contradictoires de la même partie commune. Il est donc essentiel de traiter toutes les combinaisons de valves en une seule fois.
Les configurations contiennent donc une liste ordonnée de références de segments reflétant l'ordre des parties tubulaires de l'instrument alignées le long de la longueur acoustique totale de l'instrument. Un instrument à trois valves est représenté par huit configurations différentes des segments. Souvent ces configurations sont notées V0 (aucune valve actionnée - coulisses inactives), V1, V2, V3, V12, V13, V23 et V123 (toutes les valves actionnées - toutes les coulisses insérées).

Calcul de l'impédance d'entrée

A chaque configuration est associée une table d'impédances d'entrée qui est continuellement recalculée pendant l'optimisation à chaque fois qu'un des segments impliqués est modifié. L'impédance d'entrée en fonction de la fréquence est la courbe qui décrit les caractéristiques importantes d'un instrument comme la justesse, la réponse et même le son. Elle est calculée en utilisant le modèle de ligne de transmission décrit ci-dessus.
Il faut noter que le rapport de phase entre la pression et le débit acoustiques dans l'embouchure, qui est l'argument de l'impédance d'entrée complexe, n'est pas pris en compte dans l'optimisation. C'est acceptable parce que l'information de phase de la fonction complexe d'impédance n'est pas indépendante de son amplitude. Dans un système de phase minimale elle peut être déduite de l'amplitude par une transforamtion de Hilbert, en utilisant la condition que la réponse impulsionnelle d'un instrument réel doit être causale, ce qui signifie qu'il ne doit pas y avoir de réflexion précédant l'impulsion d'excitation.
A la question de savoir si un système réel est vraiment un système de phase minimale - du moins à la précision exigée par l'application - on peut seulement répondre en comparant les phases mesurées aux valeurs théoriques. Des résultats de mesure récents ont de nouveau renforcé notre conviction que la différence entre les phases réelles et les phases obtenues pour des systèmes de phase minimale est en tous cas plus petite que l'incertitude sur les mesures.
Il a été déjà noté que la gamme de fréquence du calcul est limitée par le modèle, parce qu'il inclut seulement le mode fondamental d'une cavité ou d'un conduit. Quand les diamètres augmentent cette condition est satisfaite seulement pour des fréquences inférieures. Cela signifie en particulier que la région du pavillon d'un instrument présentera des erreurs de modélisation aux fréquences hautes. La limite supérieure de fréquence pour une trompette typique est proche de 1500 Hz, ce qui est heureusement au-delà de l'étendue des notes jouées.

Fonction objectif d'optimisation

Pour faire d'un programme d'optimisation plus qu'un hobby pour son programmeur et peut-être pour quelques enthousiastes, il était non seulement nécessaire de choisir des stratégies d'optimisation efficaces et appropriées mais faciles à utiliser, mais aussi d'y incorporer le maximum d'expertise exigée pour créer une fonction objectif d'optimisation dans le programme. On a prévu une interface utilisateur facile à comprendre et aussi simple que la fonctionnalité exigée le permet.
Ce but a été réalisé au moyen "d'assistants" qui délivrent l'utilisateur du besoin d'acquérir une connaissance spéciale de la fonction objectif, tant qu'il demande au programme de travailler sur que l'on considère comme une tâche "standard". Si plus tard un utilisateur décide de s'y investir, le programme offre la possibilité d'utiliser toute sa flexibilité.

Dans la fonction objectif d'optimisation toutes les spécifications pour optimiser l'instrument sont pondérées et combinées. Un cas simple est l'ajustement des pics d'impédance. Par la ligne de commande ou en utilisant un éditeur de texte, l'utilisateur crée une table des fréquences qui seront attachées à une certaine comfiguration. Il faut fournir les valeurs-cible d'amplitude correspondantes. L'utilisateur peut charger un fichier de résultats de mesure fournis par BIAS [12] , ou prendre une simulation précédente d'un instrument de référence. Il peut bien sûr voir et éditer toutes les valeurs. Il choisit toutes les entrées et assigne des pondérations et des attributs "relatif" ou "absolu". Cela signifie que la fonction objectif prend en compte soit les différences absolues normalisées entre impédance réelle et impédance cible, soit les valeurs en pourcentage normalisées de ces déviations.
Un autre cas est l'application d'objectifs de justesse. Un utilisateur expérimenté peut assigner l'attribut "centré" à certaines fréquences et spécifier quel pic d'impédance doit être "centré" à telle fréquence. Il peut combiner de tels objectifs avec des objectifs d'impédance ou avec un objectif de facteur de qualité des pics de résonance associés. D'autres utilisateurs préféreront lancer l'assistant "justesse" qui leur montrera les écarts de justesse en "cents" de toutes les notes qui peuvent être jouées en utilisant une combinaison de valves donnée. L'accord global peut être ajusté et les objectifs de justesse peuvent alors être spécifiés en cents ou en Hz pour certaines ou toutes les notes. Alors l'optimisation peut démarrer.
Toutes les contributions à la fonction objectif (déviations normalisées de la valeur assignée) sont élevées à une puissance donnée appelée "progression" - plus cette puissance est élevée, plus la pondération sera affectée aux plus grandes déviations ; moins elle est élevée, plus les pondérations seront réparties uniformément -, puis multipliées par un coefficient de pondération spécifié par l'utilisateur et additionnées pour obtenir le résultat final. Dans le cas idéal ce résultat deviendra très petit pendant l'optimisation, le zéro étant atteint quand tous les objectifs ont été parfaitement atteints.

Introduction
Modélisation des cuivres
Modèle de ligne de transmission pour l'optimisation
Les différents algorithmes d'optimisation
L'algorithme de Rosenbrock
Représentation de la géométrie de l'instrument
Calcul de l'impédance d'entrée
Objectif de la fonction d'optimisation
Résultats d'optimisations
Références