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Vincent Bach

(1890 - 1976)

Vincenz Schrotenbach nait près de Vienne en 1890. Après avoir abordé très jeune le violon, il commence la trompette en 1905 et obtient en cinq ans son diplôme du conservatoire, en même temps qu'un diplôme d'ingénieur en mécanique. Après une première période militaire qu'il effectue comme soldat, il est engagé chez un constructeur d'ascenseurs mais il est rappelé peu après sous les drapeaux, cette fois comme musicien. Libéré, il se lance dans la carrière de musicien professionnel qui le conduit en 1914 en Angleterre (photo ci-contre), où il se produit sous le nom de Vincent Bach, plus facile à prononcer pour un anglophone. Lorsque la guerre éclate, craignant les ennuis que lui vaudrait sa nationalité d'un pays ennemi, il émigre aux Etat-Unis sous le nom de "Peterson". Il débarque avec pour seul bagage un cornet Besson et une solide volonté de réussir comme musicien. Divers engagements ponctuels le conduisent à entrer à l'orchestre symphonique de Boston, mais il continue à courir le cachet, compose des pièces pour cornet solo, entre chez Holton comme essayeur d'instruments, écrit une première méthode de trompette et enregistre même en 1916 deux pièces comme cornet solo pour les disques Edison. Il entre en 1915 au Metropolitan Opera de New york où il joue en soliste pour la première représentation aux USA de Petrouchka et de l'Oiseau de Feu de Stravinski.
En 1917, les Etats-Unis entrent en guerre et il est une nouvelle fois appelé sous les drapeaux, mais vu sa nationalité, les autorités renoncent à l'envoyer sur le front en Europe et il reste comme chef de musique d'un régiment d'artillerie et professeur de trompette dans l'armée. C'est à cette époque qu'il commence à fabriquer des embouchures, et cette activité devient son métier principal une fois rendu à la vie civile.
C'est en 1924 qu'il fabrique sa première trompette. L'année suivante, il se marie et est naturalisé citoyen des USA. Jusqu'en 1928, il continue parallèlement à jouer dans des orchestres et il enregistre même des disques publicitaires pour promouvoir sa trompette "Stradivarius". Le succès commercial est au rendez-vous et Bach est élu en 1950 président de l'association nationale des facteurs d'instruments. En 1953, il transfère ses ateliers de New York à Mount Vernon (NY) où il continuera sans cesse à étudier et améliorer la facture instrumentale jusqu'à son départ en retraite en 1961. Il vend alors son entreprise à Selmer USA. En 1965, Selmer transfère la fabrication à Elkhart (IN) où est toujours l'usine actuelle.
Vincent Bach continuera une certaine activité de conseil jusqu'à sa mort en 1976.
Vous trouverez plus de détails sur la page "Bachology", sur la page de David Miller et sur le site "The Bach Loyalist" de Joe Gaspar. Si l'appellation "Stradivarius" donnée par Bach à ses trompettes professionnelles suscite quelques fois une certaine ironie, elle apparait avec le recul justifiée par la qualité de son encore inégalée de ces trompettes, malgré les nombreuses tentatives de copie mises sur le marché depuis un demi-siècle.







Renold Otto Schilke

(1910-1982)

Né en 1910 dans une famille de musiciens du Wisconsin, Renold débute le cornet dès huit ans, et devient rapidement soliste de l'harmonie du facteur d'instrument Holton. Un ouvrier de cette usine le prend d'affection et lui apprend la facture instrumentale, et c'est à 11 ans que Renold Schilke fabrique sa première trompette. Egalement passionné par les armes à feu, il entre à 14 ans comme apprenti dans une armurerie et se familiarise avec la mécanique de précision. C'est ainsi qu'il fabrique à 17 ans sa première embouchure avec l'outillage de l'armurerie.
En 1927, il part se perfectionner au conservatoire de Bruxelles, où il découvre les travaux de Victor Mahillon sur la justesse des cuivres. Revenu aux Etats-Unis, il se perfectionne auprès de Edward Llewellyn, soliste de l'orchestre de Chicago, et étudie pour lui une embouchure qu'il réalise chez Holton, où il travaille comme conseiller. En même temps, son intérêt pour les armes le conduit à faire partie de l'équipe olympique de tir des USA en 1932 et 1936.
A la mort de Llewellyn, Schilke entre à l'orchestre de Chicago, mais parallèlement commercialise ses embouchures. C'est à l'orchestre qu'il fait connaissance de Elden Benge, son voisin de pupitre, et l'aide à lancer en 1938 sa propre fabrication de trompettes. En 1939, Schilke succède à Benge comme première trompette et continue à jouer avec l'orchestre de Chicago et surtout avec son quintette de cuivres jusqu'en 1964. Parallèlement, il donne des cours de trompette dans plusieurs universités de la région de Chicago.
Mais surtout, en 1939, est créé le fameux comité composé de Schilke, Bach, Benge et deux autres trompettistes de Chicago, qui conçoit la fameuse trompette Martin "Committee" à perce progressive qui va dominer le monde du jazz pendant plus de 25 ans. En fait, Schilke en est le principal concepteur, et cette trompette préfigure ce que sera plus tard sa propre production. En 1950, Schilke s'associe avec le corniste Philip Farkas pour monter une entreprise de fabrication d'embouchures pour tous les cuivres, puis en 1956 rachète les parts de son associé pour créer la société Schilke Music Products actuelle. C'est cette même année que Schilke produit sa première trompette, fruit de ses réflexions théoriques et de l'expérience acquise, après avoir longuement testé de nombreux prototypes.
En 1966, Yamaha demande à Renold Schilke de l'aider à redessiner sa gamme de trompettes et en améliorer la production. Schilke accepte malgré les risques de concurrence, attiré par les moyens mis à sa disposition pour la recherche et l'innovation. Cette collaboration s'étend même à des accords de fabrication, Schilke sous-traitant à Yamaha des composants (pistons, par exemple) et fabricant à Chicago certaines Yamaha de haut de gamme. La collaboration s'arrêtera à la mort de Renold Schilke en 1982.
Son fils Renold E Schilke lui succède à la tête de l'entreprise, la transfère à son emplacement actuel dans la banlieue de Chicago (la série "S" date de cette époque) et finalement la vend à Andrew Naumann en 2002.

La photo ci contre présente le quintette de cuivres de l'orchestre de Chicago en 1957 : de gauche à droite, Renold Schilke (deuxième trompette), Arnold Jacobs (tuba), Hugh Cowden (cor), Frank Crisafulli (trombone) et Adolph Herseth* (première trompette).

Pour plus d'information, consulter le site "The Schilke Loyalist" de Jim Donaldson.




Jean-Baptiste Arban

(1825 -1889)

Joseph Jean-Baptiste Laurent Arban a été probablement le cornettiste français le plus brillant de son temps. Très jeune, il s'engage comme musicien dans la marine, jouant du cornopean. C'est ainsi qu'il participe en 1840 au voyage de la goëlette "Belle Poule" qui va à Sainte-Hélène chercher les cendres de Napoléon. En 1841, il entre au conservatoire de Paris où il étudie la trompette (naturelle) avec Dauverné et obtient en 1845 un premier prix. Après être sorti du conservatoire, Arban passe au cornet (inventé en 1831) et reprend du service dans la marine jusqu'en 1852. C'est pendant ces années qu'il met au point sa technique de jeu (en particulier le coup de langue), arrivant à un niveau de virtuosité qui stupéfie les dirigeants du conservatoire lors de l'exécution en 1848 d'une pièce pour flûte de Boehm. De 1852 à 1857, il fait partie de plusieurs orchestres de salon et est même invité à diriger l'orchestre de l'opéra de Paris. En 1857, il est nommé professeur de saxhorn à l'École Militaire, et publie sa Grande Méthode complète pour cornet à pistons et saxhorn en 1864, dans laquelle figurent entre autres études de virtuosité les célèbres "Variations sur le Carnaval de Venise" dont vous trouverez la partition ici. Cette méthode a connu de nombreuses éditions souvent fortement modifiées. On trouve sur le site de la Bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis une copie de l'édition J.W. Pepper de 1879 à télécharger librement.
Le 23 janvier 1869, il peut enfin créer une classe de cornet au conservatoire de Paris, après une tentative infructueuse sept ans plus tôt.

En 1874, il démissionne du conservatoire pour aller diriger des concerts à St Petersbourg à la demande du Tsar Alexandre II, où il remporte un grand succès. Il reprend son poste au conservatoire de Paris en 1880, et innove en recommandant l'usage d'une embouchure moins profonde que celle, traditionnelle, dérivée de l'embouchure de cor.

Les contributions de Jean Baptiste Arban à l'enseignement et à la technique de jeu du cornet sont bien connues, mais on connaît moins sa contribution à la conception et à la fabrication de l'instrument. En 1846, il travaille pour Adolphe Sax, qu'il conseille sur la production de ses saxhorns, et teste le "cornet compensateur" d'Adolphe Sax en 1848.


Alors professeur de cornet au conservatoire de Paris, Arban développe en 1880 un nouveau modèle de cornet et le fait breveter en 1883 comme "cornet Arban". Un an après, il renonce à ses droits sur le brevet et Antoine Courtois construit le "cornet Arban" ainsi qu'une embouchure "Arban-Courtois". En 1886, Arban essaie d'imposer le "cornet Arban" au conservatoire, mais sa demande est rejetée.

Entre 1883 et 1888, Arban expérimente des améliorations à la construction du cornet, et après 1885, collabore avec Bouvet, ingénieur concepteur d'instruments. Ils font breveter un "cornet Arban-Bouvet" à compensation en 1885 (photo du haut) et l'instrument est fabriqué par Millereau, qui fabrique des cuivres de 1861 jusqu'au rachat de sa fabrique par Henri Selmer en 1931, tandis que François Sudre construit en 1884 à Marseille un autre cornet à compensation dit "Arban compensateur" (photo du bas)

Arban meurt à Paris en avril 1889.







Gottfried Reiche

(1667 - 1734)

reicheNé le 5 février 1667 à la cour de Weissenfels, Johann Gottfried Reiche y apprend le clarino puis va s'installer à Leipzig en 1688, où il est nommé assistant Stadtpfeifer, c'est à dire sonneur de trompette pour les cérémonies de la ville. Il y restera pendant toute sa carrière, devenant en 1706 Senior Stadtpfeifer puis en 1719 Senior Stadtmusicus. Parallèlement, il compose de la musique de cérémonie pour cuivres ("Turmmusik") comme son prédécesseur Johann Pezel qui occupa les mêmes fonctions jusqu'à sa mort en 1694. De ces compositions seuls 24 "Quatricinia" et un "Abblasen" (dont la partition est représentée sur son portrait ci-contre datant de 1727) sont parvenus jusqu'à nous ; certains musicologues soutiennent cependant que cette partition est en fait un cadeau de Bach pour les 60 ans de Reiche.
Entretenant des relations amicales avec J.S. Bach (installé à Leipzig depuis 1723), Reiche joua toutes les compositions de Bach pour son instrument, dont certainement le fameux deuxième concerto Brandebourgeois (créé en 1721 avec le trompettiste de la cour de Cothen, Johann Ludwig Schreiber).
Le 6 octobre 1734, Reiche eut une attaque en rentrant chez lui après un concert particulièrement éprouvant dans la fumée des torches éclairant la scène, et mourut dans la rue.
On remarquera la forme de l'instrument que tient Reiche sur son portrait, plus proche du cor que de la trompette naturelle droite habituellement jouée à cette époque. Cette forme enroulée permet en particulier de baisser les notes en mettant la main dans le pavillon comme les cornistes, ce qui offre une gamme plus complète.